«L’homme qui a vendu sa peau»

  • L’acteur syrien Yahya Mahayni incarne un réfugié qui s’est fait tatouer un visa Schengen géant dans le dos. DR

Pour rejoindre son amoureuse en Europe, un réfugié syrien accepte de devenir une œuvre d’art et vend son corps à un célèbre artiste contemporain qui lui tatoue un visa Schengen géant dans le dos. Devenu ainsi une marchandise, il arrive à circuler plus librement entre les pays qu’un être humain. Mais en transformant ainsi son corps et en acceptant de le marchander, le jeune homme va bientôt se rendre compte qu’il a sacrifié ce qu’il lui restait de liberté. Inspiré par le travail de l’artiste belge mondialement reconnu Wim Delvoye, qui a fait une démarche similaire en tatouant une œuvre d’art sur le dos d’un citoyen suisse en 2006 (Tim), avant de l’exposer un peu partout dans le monde, ce film très réussi ouvre la porte à de nombreuses réflexions sur le pouvoir et l’illusion de l’art, la notion de liberté, de propriété, d’égalité et le rapport au corps. Jamais glauque, jamais voyeur, jamais malsain, le film tend même vers une bienveillance inattendue quand on repense à son sujet. Tantôt drôle, tantôt révolté, tantôt sombre ou désemparé, l’acteur syrien Yahya Mahayni livre une partition d’une grande justesse dans la peau de cet «humain-œuvre»: une vraie révélation!