M. plage des Eaux-Vives quitte les Verts

Fâché par les orientations politiques des Vert.e.s, Alexandre Wisard, le directeur du Service du lac, de la renaturation des cours d’eau et de la pêche (SLRP) claque la porte du parti écologiste après 37 ans.

  • Alexandre Wisard lors de l'inauguration de plage des Eaux-Vives en août 2020. MP

Datée du 1er avril, la lettre d’Alexandre Wisard n’a rien d’un poisson. «C’est avec tristesse, mais aussi un certain soulagement, que je vous annonce ma démission», entame ce biologiste, connu pour avoir lancé le projet de la plage des Eaux-Vives en 2006.

Figure historique des Verts, l’actuel directeur du Service du lac, de la renaturation des cours d’eau et de la pêche a décidé de quitter le parti écologiste… après 37 ans. Il précise pourquoi dans une missive de trois pages pas piquée des vers. Revenant sur ses débuts au parti, il raconte l’époque où «adhérer chez les Vert.e.s relevait de l’idéalisme et pas de l’opportunisme, c’est donc dire si cela date». Le ton est donné.

«Les Vert.e.s sont vraiment encore verts?»

Détaillant les nouvelles orientations des Vert.e.s, il explique ne plus trouver sa place et même se demander «si les Vert.e.s sont vraiment encore verts?!!». Celui qui a été deux fois conseiller municipal en Ville de Genève (de 1997 à 2001 et de 2007 à 2015) fustige l’autoritarisme actuel, qualifiant même les instances du parti de «Politburo», qui n’hésite pas à convoquer les élus cantonaux ou municipaux «pour cause de déviationnisme idéologique».

Sur le fond, Alexandre Wisard souligne ne plus se reconnaître dans le programme des Vert.e.s. «Je ne peux pas adhérer aux recettes vertes pour contrer l’hypothétique victimisation générale de la société proposée, que l’on évoque l’intersectionnalité ou l’effondrement de la biodiversité à Genève», écrit-il.

Sur ce dernier point, le biologiste ne cache pas sa colère. Revenant sur les succès de la politique menée depuis 25 ans en matière de renaturation des cours d’eau et d'accès au lac, notamment grâce à la plage des Eaux-Vives, il explique ne pas pouvoir accepter le «mensonge et le catastrophisme contre-productif» de son désormais ex-parti sur ces questions.

Les instances dirigeantes du parti répondent

Réagissant à cette démission, la présidente des Vert.e.s, Delphine Klopfenstein Broggini dit «regretter» le départ d’Alexandre Wisard. Interrogée sur le fait que celui-ci fait suite à la démission du conseiller municipal Yves Herren fin février, elle parle de «cas isolés» et rappelle que les Vert.e.s ont connu une augmentation de 20% du nombre de leurs membres en un an.

Accusés par Alexandre Wisard de «soutenir des idées de plus en plus déconnectées de la population», la section Ville ajoute, par la voix de ses deux coprésidents, Omar Azzabi et Anne Moratti: «Notre programme 2020-2025 a été rédigé avec l’ensemble des organes de la section. Il répond visiblement aux aspirations d’une large tranche de la population puisque c’est grâce à celui-ci que nous avons été réélus en 2020 et avons réalisé le meilleur score électoral de l'histoire de la section (deux conseillers administratifs et dix-huit conseillers municipaux). C’est ce programme que nous défendons aujourd'hui en Ville de Genève, ni plus, ni moins. Il s’agit de notre responsabilité envers nos électrices et nos électeurs.»

Le duo conclut par ses mots: «Au sein des Vert.e.s, nous avons toujours encouragé le dialogue et l’échange de points de vue. Dans ce cadre, nous ne pouvons que regretter la démission d’Alexandre.»