Marqués à vie

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La scène se passe dans un café en Vieille-Ville. Un mardi soir dans mon souvenir. Il y a de la musique, des rires. On danse, on chante, on trinque, on se presse les uns aux autres.

Oubliée la distanciation sociale, exit les masques et les pass. On en viendrait presque à culpabiliser de ressentir autant de joie et de plaisir, voire à effacer de notre mémoire cette pandémie qui a secoué la planète durant deux ans et demi.

D'autres n'oublient rien. Le mot «Covid» est à jamais gravé dans leur esprit. Soit parce que le virus a emporté un être cher. Soit parce qu'il les a marqués dans leur chair. A l'image de Claudio Alessi. L'ex-champion d'arts martiaux a mis de longs mois à retrouver (plus ou moins) sa forme d'antan.

Ce parcours du combattant, c'est aussi celui de Nathalie. Cette infirmière raconte ces deux ans et demi de galère avec une émotion encore vive. Elle dit: les rues vides, l'angoisse de tomber malade en entrant chez les patients, les visages masqués…

Mais aussi: la peur d'appuyer sur le bouton de l'ascenseur au point de choisir de monter tous les jours la dizaine d'étages à pied. Ou encore: la crainte de contaminer ses proches, l'isolement, l'extrême solitude. Et enfin: les défunts, la tristesse de leurs proches.

En mars 2022, le diagnostic tombe. Nathalie souffre d'un stress post-traumatique. Ce Covid l'a traumatisée. Elle et beaucoup d'autres. Reste à réparer les blessures profondes. En espérant que les prochaines vagues n'emportent pas sur leur passage ce qu'il nous reste d'espoir et d'envie de danser collé-serré.