MARX, THUCYDIDE

La première session du nouveau Grand Conseil, mais aussi les premiers débats télévisés que j’ai pu mener en ce tout début de nouvelle législature parlementaire (sur les finances, mais aussi le logement), prouvent une chose, avec éclat: la droite, la gauche, ça existe. Plus que jamais. Et les éternels «rénovateurs», qui depuis quarante ans nous promettent «la politique autrement» et veulent jeter aux orties le vieil antagonisme, en sont pour leurs frais.

Il y a un auteur qu’il faut encore lire, même si plus personne, ou presque, ne prend la peine d’ouvrir ses ouvrages. Il s’appelle Karl Marx. Si Le Capital vous semble trop austère, trop théorique, alors lisez au moins Le Manifeste du Parti communiste, ancré dans l’Histoire des luttes sociales au milieu du XIXe siècle. Ce qui frappe, chez Marx, comme chez l’historien grec Thucydide, qui le précède de 24 siècles, c’est la méthode. Pas d’anecdotes, mais des structures lourdes. Une analyse brillante des causes économiques, avec leurs effets.

Je ne vous appelle pas à «être marxiste», bien sûr. Mais à lire Marx. Ceux qui l’ont fait comprendront parfaitement les enjeux de la politique genevoise, pour les cinq ans qui viennent: une lutte d’intérêts féroce, le frottement des contraires, comme des silex provoquant des étincelles, pour parvenir, peut-être, à un accord. Bref, tout sauf cette détestable position du départ consistant à dire «Je suis au centre». Traduisez: «Selon le sens du vent, je m’adapte». Lisez Marx, et surtout lisez Thucydide, La Guerre du Péloponnèse. Un chef-d’œuvre, datant d’il y a 25 siècles.