Migros fait rouler son camion à l’hydrogène local

TRANSITION ÉNERGÉTIQUE • Le projet GoH! a été lancé voici plus de trois ans. Le premier camion de 40 tonnes à hydrogène a effectué ses premiers tours de roue.

 

 

  • Lors de la conférence de presse, le magistrat Antonio Hodgers et l’aventurier Bertrand Piccard posent devant le premier 40 tonnes à hydrogène et boivent de l’eau émise par son échappement.

L’aérostier et pilote d’avion électrique Bertrand Piccard et le conseiller d’Etat chargé du Territoire Antonio Hodgers ont posé devant un camion. C’était en décembre. Le duo boit un peu d’eau de son échappement, son seul rejet puisqu’il fonctionne à l’hydrogène. La Migros a soutenu dès le départ le projet GoH! (Generation of Hydrogen), aux côtés de la fondation Nomads, coordinatrice du spécialiste des poids lourds LARAG, de GreenGT, qui s’intéresse depuis longtemps à l’hydrogène. Sans oublier les Services industriels de Genève (SIG) qui mettent en place une unité de production, d’abord limitée et suffisant aux besoins des premiers poids lourds, qui sera ensuite agrandie pour absorber les demandes futures.

Projet innovant

Le projet GoH! innove dans le sens où le camion à hydrogène est le premier 40 tonnes utilisant cette énergie. Il s’agit d’un camion-remorque, un «semi» aurait été difficile à concevoir à cause de la taille des réservoirs. Sa charge utile est comparable à un diesel et ses performances identiques. Différence essentielle: il n’émet aucun polluant, juste de la vapeur d’eau. «Le monde change, a relevé le conseiller d’Etat Antonio Hodgers, est-ce que nous l’accompagnons ou est-ce que nous le subissons?»

Le projet a été retenu par la fondation Solar Impulse de Bertrand Piccard, qui a noté que «nous avancerions plus vite dans la transition énergétique si nous parlions plus des solutions que des problèmes». Il estime que cette réalisation est comparable à celles qui ont toujours animé les pionniers. «Nous devons de nouveau faire autrement», a déclaré l’explorateur vaudois, rappelant que les hommes ont dû passer de la pierre au bronze, au fer, puis du charbon au pétrole. L’écologie, souvent vue comme rébarbative, «peut être enthousiasmante et créatrice d’emplois». Certes, la mobilité grâce aux piles à combustible est prometteuse. Pourtant, les défis restent considérables. Pour les SIG, ils consistent en la fourniture de la quantité importante d’électricité, locale et renouvelable, nécessaire à la catalyse de l’eau pour en extraire les molécules d’hydrogène. Pour GreenGT, expérimenté en moteurs grâce à une auto de course, son implication dans GoH! lui permet de créer une unité de production de piles à combustible.

Pour LARAG, la formation prend une dimension cruciale dans cette nouvelle approche technologique, un quart de ses employés sont en effet des apprentis. Quant à Migros Genève, un tel approvisionnement correspond à sa promesse de réduire son empreinte carbone, un credo parallèle à sa volonté de favoriser la consommation durable.

Un vœu exaucé

GE • Le camion et sa remorque font 40 tonnes avec une charge utile comparable à un équivalent au diesel. Même chose pour la puissance, 420 kW (563 ch) et le couple de 3750 Nm. Au freinage, un des moteurs sert de générateur pour récupérer de l'électricité et la stocker dans ses batteries. L’autonomie atteint 400 km avec des réservoirs remplis à une pression de 350 bars. Mais celles des voitures à piles à combustible font le double, donc il sera sûrement possible d’agrandir ce rayon d’action dans un futur proche. Reste que le prix est bien plus élevé que pour un moteur thermique. Cela pourrait peu à peu changer avec l’augmentation de la demande. Migros va équiper une de ses stations Migrol d’une pompe pour l’hydrogène, une manière d’entrouvrir la porte à cette technologie pour d’autres amateurs.