Fini la clope à la maison!

- Des régies et propriétaires banissent le tabac des logements.
- La loi n’interdit pourtant pas de fumer chez soi…
- Témoignages et réactions du CIPRET et de l’Asloca.

  • Des régies ou des propriétaires banissent la fumée à la maison. PASCAL BITZ

    Des régies ou des propriétaires banissent la fumée à la maison. PASCAL BITZ

  • Des régies ou des propriétaires banissent la fumée à la maison. PASCAL BITZ

    Des régies ou des propriétaires banissent la fumée à la maison. PASCAL BITZ

«Les mesures sont souvent décevantes car elles ne montrent que des petites quantités de nicotine»

Dr Jean-Paul Humair, président du CIPRET Genève

«J’en ai marre, je ne peux plus respirer, mon voisin toraille tous les soirs son gros cigare sur son balcon, la fumée rentre chez moi, j’ai l’impression de fumer aussi son Cohiba!» Paul* (prénom fictif), habite le centre-ville dans un appartement ancien. «Je ne suis pas contre les fumeurs, mais trop, c’est trop! Car en plus, je subis aussi la fumée passive des locataires du 3e. Qui sont eux de très grands amateurs de cannabis…»

Plaintes tous azimuts

Depuis l’interdiction de fumer dans les lieux publics en 2010, de plus en plus de non-fumeurs sont confrontés à la fumée passive à domicile. Ils sont en effet toujours plus nombreux à se plaindre à leurs régies, à l’Asloca, l’association de défense des locataires, au CIPRET (prévention tabagisme), à OxyRomandie, l’association qui promeut la défense d’un air respirable et non-pollué.

Au point que certains propriétaires d’immeubles et des régies stipulent désormais dans leurs baux l’interdiction totale de fumer dans leurs logements! A Genève, la tendance s’est particulièrement amplifiée l’an dernier: «Effectivement, de plus en plus de propriétaires interdisent purement et simplement le tabac dans leurs immeubles», constate Christian Aumeunier, secrétaire général de la chambre genevoise immobilière. Cette clause, qui ne figure pourtant pas dans la loi sur la fumée passive est-elle légale? «Les sanctions sont à géométrie variable», annoncent tant les associations de défenseurs de locataires que celles du lutte contre le tabagisme (lire ci-contre). Pour sa part, OxyRomandie reçoit régulièrement des demandes d’aide de personnes désemparées subissant un fort tabagisme passif dans leurs appartements. «Ces locataires mécontents sont la plupart du temps dans une situation inextricable, parce qu’ils sont confrontés à des voisins qui clament leur droit de fumer chez eux», rappelle son président, Pascal Diethelm, sur le site d’OxyRomandie.

Vieux et neufs

De son côté, Carlo Sommaruga, député national socialiste et secrétaire général de l’Asloca Romandie, confirme, qu’il y a une augmentation des préoccupations et des plaintes de locataires à Genève. «Notamment dans les anciens immeubles où la fumée passe par les planchers, détaille-t-il. Il existe aussi des problèmes dans les aspirations.» Dans les immeubles plus récents, la problématique provient principalement des locataires qui fument sur leurs balcons ou à leurs fenêtres. «Hélas, certaines régies font fi des plaintes, constate le Dr Jean-Paul Humair, directeur du CIPRET Genève. Elles ne se préoccupent souvent pas de la pollution que peut engendrer le tabac dans tout l’immeuble et préfèrent ignorer le problème, le minimiser voire en nier les conséquences sanitaires.»

Recommandations

Carlo Sommaruga rappelle que l’Asloca propose aux locataires un panel de recommandations, une sorte de marche à suivre pour se protéger contre le voisin clopeur. A savoir, comment consigner son loyer, demander des exécutions de travaux d’étanchéité, voire obtenir des réductions de loyer. Quant au CIPRET, il offre aux locataires de pouvoir mesurer sur plusieurs jours l’exposition à la fumée ressentie à domicile, grâce à un capteur de nicotine. «Mais ces mesures sont souvent décevantes quand elles ne montrent que des petites quantités de nicotine, donc une faible exposition à la fumée du tabac, qui ne correspondent pas à l’importance de la gêne perçue. Car les mesures continues ne reflètent pas les variations importantes du tabagisme et de l’environnement». Et de conclure: «L’odeur du tabac n’est pas proportionnelle aux centaines de particules dangereuses du tabac ni à la nicotine, qui ne cause que la dépendance. »

Parlez au voisin, ou testez la fumée

ChZ• Grâce à la Loi, le problème de la fumée passive dans les locaux communs des immeubles locatifs (ascenseur, cage d’escalier, buanderie, etc) est réglé depuis 2010. Certains locataires sont toutefois encore incommodés par la fumée de leurs voisins, qui vient de l’extérieur (balcon, terrasse) et pénètre par la fenêtre ou qui s’infiltre dans le logement à travers le plancher, par les placards ou la ventilation. Le CIPRET et l’Asloca recommandent d’abord de dialoguer avec son voisin fumeur. Ou si, toutes tentatives de conciliation semblent échouer, de tester la nicotine que vous respirez grâce au capteur de fumée qui mesurent la quantité de fumée de tabac qui pénètre chez vous. A noter que c’était Fribourg, Neuchâtel (Bevaix), et Vaud, les premiers cantons à interdire la fumée dans certains immeubles et maisons. C’était en 2007, dans la foulée de la loi sur l’interdiction de fumer dans les lieux publics.