Mondial

  • ©OLIVIER JAQUET

Est-ce qu’on peut être de gauche et aimer le foot? C’est la question que nous impose le Mondial au Qatar. Bien sûr qu’on peut être de gauche et aimer le foot! Le foot est populaire, il promeut les valeurs du sport qui transcendent le politique et nous rassemble dans une joyeuse compétition. Le foot permet de montrer son drapeau sans être nationaliste, il permet de klaxonner à 23h et de prendre dans nos bras des inconnu(e)s parce que notre équipe a gagné ou plus bassement parce qu’une autre équipe a perdu. Les mômes jouent au foot, les filles s’y mettent d’ailleurs sérieusement, bref, le foot nous fédère parce qu’il nous appartient.

Les valeurs du sport transcendent le politique et nous rassemblent. Mais là, arrive la FIFA (Fédération internationale de football association), et elle clive. Le choix d’organiser le mondial au Qatar n’est pas populaire, il divise. La joie de la compétition festive qui nous unit est assombrie par les scandales. On s’est fait voler le foot. On s’est fait confisquer ce plaisir simple. Quoi qu’on décide, suivre ou non, boycotter ou non, le simple fait qu’on soit devant ce choix montre qu’il y a un couac. Le mondial, d’un plaisir collectif devient un dilemme individuel.

Attention à l’enfumage! Le monstre du ballon au pied cache son pouvoir et sa responsabilité. Et on nous fait croire que c’est nous, les gens, qui sommes divisés. Or, c’est nous, tous et toutes, qui sommes spoliés. Montrer du doigt celles et ceux qui refusent de danser sur les cadavres des ouvriers-esclaves et les faire passer pour les faiseurs de trouble relève de la plus basique distraction stratégique. Ne regardons pas le doigt quand le sage montre la lune.