Télétravail

  • ©OLIVIER JAQUET

La semaine passée, on ne parlait que d’une chose: une directrice d’établissement télétravaille une journée par semaine depuis l’Alsace. Cela crée un «scandale» et je ne comprends pas.

On explique qu’elle devrait être là «s’il y a le moindre souci». Mais, si une directrice doit être là pour le moindre souci, elle n’est pas directrice, elle est concierge! Une directrice, ça délègue, sinon c’est une piètre manager. Si elle peut télétravailler une journée par semaine, ça devrait nous rassurer: ça veut dire qu’elle gère, notamment son équipe. D’autre part, peut-être s’éloigne-t-elle de son établissement de temps en temps pour ne pas être dérangée en permanence, précisément pour pouvoir bosser. Là encore, cela montre qu’elle est organisée et à l’écoute des besoins qui assurent la qualité de son travail. Là encore, c’est plutôt rassurant.

J’espère que cette directrice a été choisie pour ses compétences, pas pour sa géolocalisation. Sa qualité principale n’est pas d’être sur place, elle n’est pas qu’un corps, elle est surtout un cerveau avec une vision. Elle n’est pas qu’une responsable opérationnelle. Lui permettre de se mettre au vert pour penser, c’est tout bénef pour l’éducation genevoise.

Cette réaction, ce «scandale», au-delà du bénéfice politique de monter ça en épingle (probablement 80% de l’affaire) semble émotionnelle. La vieille garde de «la valeur travail» défend une vision du XIXe siècle selon laquelle il faut avoir le travailleur sous le nez pour le surveiller. Sans ça, on a le sentiment qu’il ne bosse pas.

Mais, même à cette époque-là, les ouvriers de la proto-industrie horlogère travaillaient depuis chez eux, parce que même au XIXe on avait compris que ce qui compte, c’est le résultat. Donner à nos institutions de l’agilité et de la flexibilité, quand même, en 2023, ça ne devrait plus faire «scandale».