Suicide assisté

  • ©OLIVIER JAQUET

La semaine passée, je fêtais mon anniversaire – j’ai eu 25 ans, comme toujours, merci pour vos vœux. Mais la semaine passée je fêtais aussi un autre anniversaire, celui du décès de ma marraine, il y a cinq ans, partie à l’aide d’un suicide assisté, entourée des siens dans le confort de sa maison.

La mort, ça se fête? Normalement pas. La plupart du temps la faucheuse arrive sans qu’on l’ait invitée et parfois sans crier gare. Dans le cas de mon histoire, de cette mort joyeuse, c’est différent. Ma marraine m’a annoncé presque une année avant de partir qu’elle avait pris sa décision. Nous avons eu l’occasion de philosopher sur la question en long, en large, avec amour et humour, si bien que les jours avant son décès, je lui souhaitais un beau voyage et je me réjouissais pour elle.

Une femme chanceuse. Elle a pu aller vers la mort à ses conditions. Elle s’est évité des souffrances et l’humiliation d’une fin de vie qu’elle n’aurait pas choisie. Alors, comme je l’aime, j’étais heureuse, nous étions joyeuses, un peu à la façon de quelqu’un qui a passé les examens d’entrée dans une école prestigieuse et difficile.

Ma marraine n’a pas toujours eu la possibilité de disposer de son corps. En tant que femme née dans les années 40, elle a parfois subi ce que la société ou certains individus lui imposaient. Mais elle n’était pas victime, ah ça non! Et, quand elle a décidé qu’il était temps de laisser derrière elle sa carcasse pour marcher avec allégresse vers la suite et/ou la fin, personne n’aurait pu se mettre en travers de sa route.

Personne ne s’est d’ailleurs mis en travers de sa route. Sa famille l’a accompagnée. Des personnes généreuses et courageuses lui ont permis d’organiser tout ça et, un jour, après des adieux et des baisers sur ses joues chaudes et douces, elle s’est endormie en écoutant Les Noces de Figaro qu’elle aimait tant. Une mort comme ça, ça se fête non?