Queen of Free Choice

  • ©OLIVIER JAQUET

Madonna, idole de la pop, 45 ans de carrière musicale d’une incroyable consistance, une crédibilité et une légitimité peu égalée. Si Beyoncé et Lady Gaga peuvent faire ce qu’elles font aujourd’hui, c’est grâce à elle, grâce à son parcours subversif assumé. C’est elle qui a essuyé les plâtres.

Mais Madonna n’est pas Mike Jagger. Malgré sa carrière et ses incroyables lettres de noblesse, elle n’a pas le droit d’être vieille et moche – ou refaite. Alors elle prend cher, pour avoir osé montrer sa tronche de femme de 64 ans lors des Grammy Award, le 5 février. Le nombre et la violence des articles de presse et des commentaires sur son physique sont hallucinants.

En 2022, après 45 ans d’une carrière comme la sienne, Madonna n’aurait-elle pas le droit qu’on lui foute la paix avec ça? La question ici n’est pas la chirurgie esthétique, mais le fait qu’encore et toujours, quand une femme apparaît, on parle de son corps plutôt que de son œuvre – en l’occurrence introduire la première femme trans, Kim Petras à avoir gagné un Grammy.

Mais le libre choix des femmes de disposer de leur corps pour en faire ce qu’elles veulent, y compris passer sur le billard. Mais de la manière dont on exige des femmes qu’elles soient belles puis qu’on les punit pour user de la chirurgie. Mais de l’injonction à disparaître quand on n’est plus «canon».

Comme toujours, Madonna s’en fout, la subversion fait partie de son œuvre. Et comme elle l’a très bien dit ce soir-là: «S’ils vous appellent scandaleux ou choquant, c’est que vous êtes sur quelque chose.» On parlerait pas de ça plutôt?