La langue des signes

  • ©OLIVIER JAQUET

Rihanna, quelle femme! Enceinte jusqu’aux yeux, elle a chanté au Super Bowl: magnifique! Une autre artiste s’est fait remarquer ce soir-là. Il s’agit de Justina Miles, qui a signé pour la téloche le show de Rihanna. C’est la première sourde à se produire lors d’une mi-temps du Super Bowl et son interprétation du spectacle est un spectacle en soi.

Contrairement à ce qui a été dit dans les médias, Justina Miles n’est pas interprète en langue des signes (LFS) mais performeuse sourde. Si les médias se trompent c’est qu’on connaît très mal la culture sourde. Pourtant en Suisse, 10'000 personnes sont atteintes de surdité profonde et 600'000 sont mal entendantes. Pour ces personnes et leur entourage, la langue des signes et la culture sourde représentent un réel intérêt. Les personnes sourdes et malentendantes ne considèrent pas qu’elles ont un handicap physique mais social, car la société n’est pas adaptée pour elles. Par exemple, le système éducatif – qui interdisait la langue des signes jusqu’en 1980 – discrimine les sourds. Pourtant la langue des signes est reconnue en Suisse comme une langue officielle et la constitution protège contre les discriminations liées au handicap.

Le minimum serait que le système éducatif soit adapté aux enfants sourds. Mais la cerise sur le gâteau serait qu’on enseigne les bases de la langue des signes – au même titre qu’on enseigne les bases de la musique ou du volleyball – à tous les enfants. Comme ça, les sourds pourraient sociabiliser normalement. Tout le monde parlerait un peu la LFS. Pour les sourds, mais aussi pour tous ceux qui deviennent malentendants ou qui sont temporairement ou de manière permanente incapables d’entendre ou de parler. Développer simplement un autre canal de communication. Pratique non?