Espaces partagés

  • ©OLIVIER JAQUET

Pour avoir un corps de plage, prenez un corps et mettez-le sur la plage. N’empêche que je me suis remise au jogging cette semaine, un peu pour la santé, un peu pour la taille de guêpe. Et ce faisant, j’ai contourné des grands espaces fermés, jolis d’ailleurs, composés de maisons individuelles dont les rosiers printaniers pointent le long des barrières en fils de fer. J’avais écrit ici même que je voterai en faveur du plan localisé de quartier Boulogne pour transformer la zone villa en face de chez moi en un territoire que les habitant(e)s de la ville puissent s’approprier.

Je regarde les maisons en question depuis ma fenêtre en écrivant ces lignes et je pense à leurs propriétaires qui ont défendu avec émotion leur foyer. Oui, il est triste pour ces personnes de penser que leurs jolis rosiers seront coupés un jour pour laisser place à autre chose. Et j’ai envie de leur adresser ici un message.

Cher(e)s propriétaires de maisons urbaines, vous voulez sauver vos murs? Ouvrez les zones villa! Boulogne aurait peut-être survécu si on pouvait y passer, si d’autres que vous connaissaient les arbres que vous dites défendre. Vous voulez nous convaincre des bienfaits de ces endroits? Laissez-nous en profiter! Faites des voies, créez des servitudes. Transformez une de ces maisons en crèche, pour que les gamins puissent voir les hérissons et les écureuils dont vous parlez.

Si les zones villa ont une valeur, elle doit bénéficier aux promeneurs, aux joggeuses et aux enfants. Elle doit bénéficier à tou(te)s. Tant que ces endroits restent des gated community, vous dedans, nous dehors, ils n’ont de valeur que pour vous et, comme on vit en démocratie, ils ne pourront survivre à la ville.

Vos maisons sont jolies, faites-les entrer dans le paysage urbain. Décloisonnez. Le bien commun, les copains, c’est ça qui donne de la valeur, parce que quand une chose à de la valeur pour mille personnes, elle en a mille fois plus que quand elle en a juste pour vous.