NON, MAIS ALLÔ!

Imaginez un grand champion de tennis. Il se pointe à un tournoi du Grand Chelem. Et déclare à la cantonade: «Je veux bien participer, mais seulement à la finale. Les tours préliminaires ne m’intéressent pas.» Un tel scénario est évidemment impossible, dans le monde entier, de Roland-Garros à Wimbledon, en passant par Melbourne.

Impossible, partout sur la planète. Sauf à Genève. Où il est permis de se présenter au second tour de l’élection au Conseil d’Etat (le 30 avril, cette année), sans avoir été candidat au premier tour (le 2 avril)! Une parfaite incongruité, que les Vert’libéraux proposent d’éliminer: si tu veux être candidat pour le deuxième tour, désolé, mon gars, mais tu te farcis le premier, comme tout le monde. Trop facile de venir s’intercaler comme une divinité providentielle, quelle arrogance, quel mépris pour les autres candidats!

Les Vert’libéraux ont raison. Sauf cas de force majeure (décès d’un candidat en cours d’élection, ou incapacité durable), il n’est absolument pas normal de pouvoir griller ainsi le premier tour. A quoi sert ce dernier, si c’est juste pour rire, aligner une bande de vedettes américaines, pour chauffer la salle, en attendant la star? Non, mais allô!

Si les partis ont mal choisi leurs candidats au premier tour, ils doivent en payer le prix politique: ce tour doit être éliminatoire, et pas juste un défilé d’éléphanteaux, en attendant les vieux briscards aux oreilles géantes. Ou les fauves, aux dents qui lacèrent la sciure du chapiteau.