Chicago sur Rhône: le peuple a dit non!

La décision populaire sur l’avenir de l’aéroport, dimanche 24 novembre, marque une étape dans l’histoire économique de Genève. Le peuple veut une économie forte, mais au service de l’humain.

  • A Genève, comme ailleurs, la qualité de vie doit l’emporter sur toute préoccupation. FRANCIS HALLER

    A Genève, comme ailleurs, la qualité de vie doit l’emporter sur toute préoccupation. FRANCIS HALLER

En acceptant clairement (56,3%), dimanche 24 novembre, l’initiative 163, «Pour un pilotage démocratique de l’aéroport», le peuple genevois a non seulement pris une décision sur un texte important, mais il a aussi donné un signal sans équivoque sur le modèle de croissance qui doit être celui de notre canton, pour les décennies qui viennent.

Refus de la démesure

Le peuple n’a pas voté contre les avions, ni contre l’existence d’une plateforme aéroportuaire importante pour Genève et la région. Il n’a pas non plus voté la décroissance. Non, il a juste refusé la démesure et la spéculation, la croissance comme but en soi. Il a voulu une économie prospère et dynamique, mais centrée sur l’humain, avec le souci de sa santé, la volonté de combattre les nuisances. Au moment où notre aéroport, né au lendemain de la Grande Guerre, fête ses 100 ans, les citoyennes et citoyens de Genève ont dit oui aux avions, mais au service de Genève et de ses habitants. Ils ont dit non à la folie d’un Chicago sur Rhône.

Quelles priorités?

Un vote important, donc. Une étape, dans l’histoire économique de Genève. Il s’agit d’en prendre la mesure et de redéfinir les priorités pour les temps futurs. Il faudra d’abord que les organisations qui défendent l’économie genevoise revoient, de fond en comble, leur stratégie. A commencer par la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève (CCIG). De belles énergies, dans cette instance, à commencer par celles de son directeur général, Vincent Subilia, des compétences réelles, une sincère volonté de se battre pour le tissu genevois. Mais hélas, depuis quelques années, tant de signaux d’obédience aux multinationales, au gigantisme, et pas assez d’actions visibles au service de nos PME genevoises, qui constituent pourtant l’écrasante majorité de nos entreprises. On aimerait les voir davantage valorisées, jusqu’aux toutes petites unités, de quelques personnes, voire une seule, plutôt que tant de courbettes aux puissants.

Genève, miracle d’équilibre

Car au fond, à quoi sert l’économie? A quoi, si ce n’est contribuer au bien-être d’une collectivité humaine, permettre à cette dernière de s’épanouir, au milieu d’un cadre naturel aimé et respecté? Celui de Genève, petit miracle d’équilibre et de géométrie pris entre Salève, Jura et Voirons, constitue un biotope d’exception, avec la richesse et la densité d’une ville marquée par l’histoire, l’aménagement de périphéries où la qualité de vie doit l’emporter sur toute préoccupation, et puis la campagne, les terres agricoles, la vie dans nos cours d’eau, la faune et la flore.

Point n’est besoin d’être inscrit au parti des Verts pour être sensible à tout cela! Lisez par exemple les remarquables ouvrages de Philippe Roch, ancien secrétaire d’Etat à l’environnement, ou les études de l’architecte et urbaniste Marcellin Barthassat, vous y trouverez de l’humanisme et de la vision. Tout comme chez le vigneron Willy Cretegny. Aimer Genève, oui. Mais la transformer en un Chicago sur Rhône, c’est définitivement non!