La morale a sa place dans l’économie

Une entreprise suisse peut-elle, dans sa chaîne de valeurs, participer au travail des enfants, à la pollution de rivières ou à l’expulsion de paysannes de leurs terres, sans devoir répondre de ses actes? La réponse, pour l’instant, est oui et les exemples sont nombreux. C’est ce qui a convaincu une coalition de plus de cent organisations à déposer l’initiative populaire pour des multinationales responsables. En 2017, alors que le parlement s’est penché sur le texte, il a considéré qu’il fallait agir.

Et comment! Après des dizaines et dizaines d’heures de travail, une solution s’est dessinée, qui satisfaisait les initiants, car elle aurait permis d’apporter rapidement des réponses à ces situations dramatiques. Cette solution garantissait que les entreprises puissent être poursuivies en Suisse dans le cas où elles n’auraient pas pris toutes les précautions qui s’imposent. Un compromis rare, soutenu par de grandes entreprises et les ministres cantonaux de l’Economie.

Pourtant, la majorité a sabordé ce travail. En vingt minutes, elle l’a abandonné au profit d’une proposition alibi: rédiger un rapport annuel. Nous sommes donc appelés à voter, en novembre. Une occasion unique d’affirmer que le profit ne va pas sans responsabilité.