Le Conseil d’Etat est déjà à gauche!

L’addition est facile: trois ministres de gauche, auxquels on ajoute deux magistrats de droite, mais passés à gauche dans les actes. Cela fait cinq de gauche, en tout cas, jusqu’en 2023. Pas belle la vie?

  • Les conseillers d’Etat élus en 2018: de gauche à droite, Nathalie Fontanet (PLR), Serge Dal Busco (PDC), Antonio Hodgers (Vert), Pierre Maudet (candidat à l’élection partielle du 7 mars), Anne Emery-Torracinta (PS), Mauro Poggia (MCG) et Thierry Apothéloz (PS). STéPHANE CHOLLET

    Les conseillers d’Etat élus en 2018: de gauche à droite, Nathalie Fontanet (PLR), Serge Dal Busco (PDC), Antonio Hodgers (Vert), Pierre Maudet (candidat à l’élection partielle du 7 mars), Anne Emery-Torracinta (PS), Mauro Poggia (MCG) et Thierry Apothéloz (PS). STÉPHANE CHOLLET

Certains, à droite, semblent comme paniqués. Ils déclarent, l’air grave et pénétré, que le Conseil d’Etat, en cas de victoire de la candidate Verte, Fabienne Fischer, à l’élection complémentaire des 7 et 28 mars prochains, passera à gauche. Ce qui, selon eux, serait une catastrophe. C’est tout juste s’ils ne nous refont par le coup des chars soviétiques sur les Champs-Elysées, comme la droite française au printemps 1981, à l’approche de l’élection de François Mitterrand à la présidence. Eh bien, nous sommes là pour les rassurer: le gouvernement genevois n’aura en aucun cas besoin de passer à gauche: il y est déjà! En voici la démonstration.

Deux transfuges

Dans le sextuor en place, non concerné par la complémentaire, puisqu’élus en 2018 pour cinq ans, donc jusqu’au printemps 2023, il y a déjà trois élus de gauche: les socialistes Anne Emery-Torracinta et Thierry Apothéloz, le Vert Antonio Hodgers. Pour ces trois-là, aucun problème: ils ont annoncé la couleur, fait une campagne de gauche en 2018, été élus, ils sont cohérents et loyaux avec leurs électeurs.

Et puis, il y a deux magistrats de droite, élus en 2018 sur des thèmes de droite, qui font ouvertement, dans leurs dicastères respectifs, une politique de gauche! Trois + deux, cela fait cinq, la majorité de gauche au Conseil d’Etat est claire.

Tabou brisé

Ces deux transfuges, ce sont la PLR Nathalie Fontanet et le PDC Serge Dal Busco. La première, après une excellente campagne et un fort bon début de législature, a complètement tourné casaque dans sa politique financière, depuis la crise sanitaire. La ministre genevoise des Finances est libérale. Elle est issue (tout comme le candidat Cyril Aellen) de cette frondeuse députation qui, toutes ces dernières années, n’avait de cesse de monter au front pour dénoncer les déficits annuels de Genève, et plus encore la dette cantonale.

Eh bien, depuis bientôt trois ans, Nathalie Fontanet est aux Finances, les déficits augmentent, la dette aussi. Pire: la grande argentière entre en matière sur l’opportunité de cette dette, brisant ainsi un tabou dans son propre camp. En clair, nous les contribuables, ainsi que nos enfants, nous allons passer à la caisse pour rembourser le service de cette dette. Cela, pourquoi personne ne le dit jamais?

Capitulation

Deuxième exemple, Serge Dal Busco. Le ministre des Transports a capitulé sans condition devant la gauche. Il nous gratifie, depuis le début de la législature, mais de façon aggravée à mesure que le temps passe, d’une politique qui serait exactement celle d’un magistrat Vert, ou socialiste. La seule idée d’une piste cyclable semble embraser ses rêves. Il ne parle plus que mobilité douce, diminution du trafic, priorité aux transports publics. Encore un peu, et on va entendre surgir du «transfert modal» et des «reports de charges», dans son langage. Pour l’électorat Vert, ce ministre est parfait. Pour les cyclistes, il a les vertus d’une icône. Pour le bon peuple de la droite cassoulet (cousine populaire de la gauche caviar), pour les livreurs, les fournisseurs, c’est un peu plus pénible.

Trois + deux, cela fait cinq. Dans tous les cas, le Conseil d’Etat est à gauche. Et le restera jusqu’en 2023.