Le respect au napalm

Distances réglementaires, queues devant les magasins, désinfection régulière des mains: nous nous imposons tous, depuis le début de la crise, les normes édictées par les autorités. Et voilà que, ce lundi 18 mai 2020, un «rassemblement spontané» de cyclistes a proprement napalmisé le respect de ces règles.

Les photos sont éloquentes: la manifestation était certes paisible (encore que certains aient trouvé le moyen d’insulter les automobilistes), mais elle a clairement, sans aucun appel possible, constitué une transgression de l’ordre légal.

La question, en l’espèce, n’est plus de savoir s’il faut des pistes cyclables (il en faut, assurément), encore moins celle de leur largeur (on peut en discuter), mais celle du respect de la loi dans un Etat de droit.

La violation, en plein jour, aux yeux de tous, de directives auxquelles, bon gré, mal gré, nous nous astreignons tous depuis des mois, ne saurait être admise dans le Pacte républicain. Cette question-là doit se poser au niveau du Conseil d’Etat: le mercredi suivant la manif illégale, il sortait son communiqué de presse, insipide comme d’habitude, sans la moindre mention de cette transgression. Mauro Poggia corrigeait quelques heures plus tard, mais c’était sous la pression.

Alors, il faut le dire très clairement: en démocratie, on discute, parfois avec véhémence, on s’engueule même, vertement. Pas de problème. Mais on respecte la loi. Sinon, ça n’est plus la République, c’est la jungle.