Pom-pom girl

Pourquoi tant de députés ont-ils tant de peine à intégrer, dans leur cerveau, leur mission de contrôle du gouvernement (lire ci-contre)? Pour une raison précise, aisément identifiable: Montesquieu, connaissent pas! Un trop grand nombre d’entre eux, notamment dans les gentils partis du centre, ceux qui se croient «gouvernementaux» pour l’éternité, se figurent que leur rôle est de soutenir leur conseiller d’Etat. Voire pire (j’ai souvent entendu cette énormité): soutenir le gouvernement!

Dans leur tête, dépourvue de culture historique et politique, ne connaissant que de loin la genèse de nos démocraties, la Révolution française, les événements de 1848, exécutif et députation ne seraient au fond qu’un même corps, travaillant ensemble, de façon complémentaire, et il faudrait y éviter toute espèce d’esprit de combat, d’antagonisme.

Cette conception, fondée sur la cooptation, n’est pas celle de la République. Encore moins celle de notre belle démocratie suisse qui, loin de nier les différences, donne justement la parole à toutes les idées, pour que chacune puisse s’exprimer. Dans ces conditions, un député, représentant du peuple, n’est pas la pom-pom girl de son magistrat. Ni de quiconque! Il agit pour le bien public, défend les citoyens, exige des comptes du gouvernement. Mieux vaut qu’il soit teigneux, opiniâtre, acariâtre, que doucereux, trempé dans l’eau trouble et parfumée du bénitier. Vive la République!