Reconstruire la droite sur les décombres

PLR, PDC, assemblées générales, comités directeurs: que vaut encore toute cette liturgie, face aux défis de la crise actuelle? Il faut une droite genevoise populaire et enthousiaste. Une droite de la rue!

  • Les affiches électorales des candidats Delphine Bachmann, Pierre Maudet et Yves Nidegger. F. HALLER

Une ville en cendres, au lendemain d’un bombardement. Les maisons brûlent encore. Partout, les décombres. C’est à cette image de dévastation que fait penser la droite genevoise, depuis le premier tour de l’élection complémentaire au Conseil d’Etat. Cette droite, majoritaire dans le canton, et même nettement dans l’addition des votes de ce dimanche 7 mars, a pourtant été passée au napalm. Des bonnes vieilles structures d’antan, bien confortables sous leur apparence d’éternité, le PLR, le PDC, l’Entente octogénaire, il ne reste rien. Tout au plus, un champ de débris, qu’il va falloir déblayer, pour laisser la place à autre chose.

Renaissance

A quoi? Je l’ignore, et n’avance ici que quelques pistes. Mais une chose est certaine: la deuxième place de Pierre Maudet, derrière la candidate Verte Fabienne Fischer et loin devant le candidat PLR Cyril Aellen, fut de nature à dynamiter les structures préexistantes. «Autre chose» doit sortir. «Autre chose» doit surgir. «Autre chose» doit germer, par-dessus les décombres.

J’ignore absolument si Pierre Maudet sera réélu. Nous verrons bien. Mais dans tous les cas, il tiendra un rôle signalé dans la renaissance et la reconstruction d’une partie de la droite à Genève. Je ne parle pas ici de l’UDC, qui vit sa vie de son côté et la vit plutôt bien, à en juger par le très bon résultat de son candidat, Yves Nidegger, au premier tour. Non, je parle de l’espace compris entre la gauche et l’UDC. Jusqu’ici, cet espace a été structuré par des familles, et des étiquettes, portant témoignage du passé. Les radicaux, le grand parti qui a fait la Suisse moderne, celle de 1848. Les libéraux, parti genevois, dans la grande tradition de Benjamin Constant. La démocratie chrétienne, celle de 1891 et de l’Encyclique Rerum Novarum du très grand pape Léon XIII. Trois chemins, trois natures, trois cohérences. Ils ont bien mérité du passé. Mais il est possible que nous entrions dans «autre chose».

Immensité des problèmes

Les temps sont difficiles. Crise sanitaire, crise économique et sociale. Dette qui explose. Cadeau empoisonné légué à nos enfants. Avenir bouché, pour notre jeunesse. Retraites insuffisantes, laissant certains de nos aînés dans une situation inacceptable pour un pays comme la Suisse. Classes moyennes prises à la gorge, fiscalité confiscatoire, impossibilité de mettre de l’argent de côté. Pouvoir d’achat qui s’effondre. Flux migratoires non-contrôlés.

C’est à l’immensité de ces problèmes-là, et non aux niaiseries sociétales des bobos, que la pensée politique de droite doit apporter des solutions. La gauche en propose, elle! Et la tranquille droite genevoise ne résoudra rien en demeurant dans sa douillette liturgie de comités directeurs et d’assemblées générales. Non. Elle a besoin d’un nouveau souffle, profondément populaire. Cela passe par une main tendue entre la droite de la raison, la Vernunft des philosophes allemands, et une certaine gouaille de la rue, que d’aucuns se plaisent à qualifier de «populiste». La droite doit affirmer ses valeurs. Elle doit sentir le pavé. Elle ne doit plus avoir peur. Et tant pis pour les assemblées générales. Et tant pis pour les comités directeurs.