Sans-culottes

On ne me soupçonnera pas d’une sympathie excessive pour Emmanuel Macron: je condamne depuis trois ans tout ce que le président français incarne. Son rapport avec le monde de la grande finance internationale, ce qu’il lui doit. Ses options libérales. Son allégeance à l’Allemagne. Sa foi dans une supranationalité européenne qui fait fi de la souveraineté millénaire de son propre pays. Je suis donc, en profondeur, avec des arguments que je suis prêt à développer pendant des heures, un adversaire de ce chef d’Etat.

Oui, mais voilà. Adversaire de sa politique, pas de l’homme, contre lequel je n’ai rien. Dans le champ public, on combat des idées, pas des personnes. Surtout, on respecte leur vie, leur espace privé, on ne se comporte pas comme des sans-culottes pourchassant l’aristo pour accrocher sa tête au sommet d’une pique. C’est, hélas, ce qu’ont cru bon de faire quelques improbables justiciers de réseaux sociaux, s’en allant traquer le chef de l’Elysée jusque dans un théâtre, où il assistait à

la pièce, comme spectateur.

Ce comportement de meute, c’est le déni même de la République. C’est le degré zéro de la révolte, celui qui personnalise, stigmatise, voue à la vindicte. Jamais cela, dans un Etat de droit, ne doit être toléré. Non seulement contre le président, mais contre quiconque! L’attaque physique, la vindicte, la mise sous pression par une foule constituent des comportements inacceptables. Le combat – légitime – contre les idées d’Emmanuel Macron mérite mieux que ces attitudes de va-nu-pieds.