Serge Dal Busco, le diviseur

Soucieux du bien public, le ministre des Infrastructures a toute sa place au Conseil d’Etat. Mais son passage à la Mobilité est un échec. Il faut, dans l’intérêt supérieur de Genève, en tirer les conséquences.

  • Serge Dal Busco ne s’attelle-t-il pas trop aux forces dominantes du moment, des Verts

    Serge Dal Busco ne s’attelle-t-il pas trop aux forces dominantes du moment, des Verts en l'occurrence. SPÉPHANE CHOLLET

La guerre des transports fait rage à Genève. Elle n’est pas revenue toute seule, ni par la grâce du ciel, mais par l’œuvre d’un homme, un seul, qui devra un jour en assumer toute la responsabilité: Serge Dal Busco. C’est lui, le conseiller d’Etat chargé du Département des infrastructures, donc de la mobilité, qui a déterré la hache de guerre, lui qui a fait peinturlurer de nuit, en catimini, les rues de Genève, lui qui a récidivé dans ces rondes de nuit à faire pâlir Rembrandt, lui qui réveille la foudre.

Cyclistes contre automobilistes

Du coup, Genève est divisée en deux camps: les cyclistes, les automobilistes. Alors que chacun de nous, alternativement, peut être l’un ou l’autre, le ministre lui-même, par maladresse, par inconscience ou par intelligence programmée avec un camp, a relancé le vieil apartheid des pires heures, celles des deux derniers ministres de gauche à son poste. Luc Barthassat, quoi qu’on puisse penser de lui par ailleurs, a plutôt fait figure, dans cette triste séquence, de personnage conciliant et pragmatique. Sous son règne, en tout cas, Genève roulait. C’était entre 2013 et 2018. C’était il y a mille ans.

Serge Dal Busco est un homme de grande valeur. Il a parfaitement sa place au Conseil d’Etat, où le peuple l’a porté, cela n’est pas en cause. Il a le sens de l’Etat, roule pour l’intérêt public. Le seul problème, c’est que nous, nous ne roulons pas!

Le conseiller d’Etat PDC est un homme honnête, chaleureux, sympathique. Mais pourquoi cacher les choses? Son passage à la Mobilité est un échec. Non parce qu’il peinturlure à gauche plutôt qu’à droite, avec telle largeur pour les bandes cyclables plutôt que telle autre, dans telle rue, de tout cela on peut naturellement discuter, et nous affirmons ici que les cyclistes doivent pouvoir circuler aisément, en toute sécurité.

Passage au vert

Non, l’échec vient de deux causes. D’abord, tel un héros des romans d’espionnage de John le Carré, il est littéralement passé à l’Est, avec armes et bagages, quittant le camp de son électorat pour accomplir la politique des Verts et des partisans de la «mobilité douce». On notera là, pour demeurer dans de convenables normes de langage, un certain sens de «l’adaptation» qui, à Genève, en choque plus d’un.

Ensuite, ce comportement porte un sens. Il dessine une personnalité qui, malgré ses qualités et sa sincérité à réaliser le bien public, s’adapte un peu trop facilement au vent du pouvoir en place. Les Verts ont marqué des points? Fort bien, Serge Dal Busco surabonde dans leur sens! Donc, il s’attelle aux forces dominantes du moment. Demain, ne s’agripperait-il, tout autant, à d’autres?

Rétablir la paix

Ce trait de caractère, hélas, est de nature à atténuer la bienveillance initiale de notre jugement sur son action politique. Dans ces conditions, l’homme étant selon nous à sa place au gouvernement mais pas à la Mobilité, il ne nous apparaîtrait pas inutile qu’un remaniement, au sein du collège, décharge Serge Dal Busco de ce dossier – ou tout au moins de la seule gestion de ces questions. Cela, non pour nous faire plaisir. Ni pour faire triompher un camp contre un autre, surtout pas. Mais pour rétablir, à Genève, la paix des braves. Excellente semaine à tous!