Où vont les vêtements glissés dans «les boîtes à fringues»?

SOLIDARITÉ • Les dons d’habits et d’accessoires sont légion ces dernières semaines, notamment pour cause de crise en Ukraine. Que deviennent les sacs déposés dans les 350 bennes du canton?

  • Chaque benne peut contenir jusqu’à 180 kilos de textiles. MP

    Chaque benne peut contenir jusqu’à 180 kilos de textiles. MP

La nuit tombe lorsqu’une mère et son fils s’arrêtent dimanche soir devant la «boîte à fringues» du chemin de la Chevillarde, à Malagnou. En quelques instants, les habits qu’ils transportent dans un sac-poubelle sont transvasés à l’intérieur du dispositif métallique. «Certaines personnes n’ont pas notre chance. Comme nous avons assez de vêtements, on a choisi de partager. Ils en ont plus besoin que nous, notamment avec la guerre en Ukraine», explique Mariam à son fils de 5 ans Théo, très fier de donner ses anciennes chaussures. «En plus elles sont très chaudes», précise ce dernier avec le sourire.

Comme Mariam et Théo, de nombreux Genevois alimentent les 350 «boîtes à fringues» disséminées sur tout le canton. Reste à savoir où terminent les objets déposés et quel sera leur trajet avant de rejoindre leur bénéficiaire. La réponse se trouve du côté de la Coordination textile genevoise. Cette association assure le ramassage et la redistribution des textiles collectés.

Plusieurs ramassages par semaine

Chaque benne à vêtements peut contenir jusqu’à 180 kilos de textiles. «Ça se remplit très vite, le ramassage est effectué plusieurs fois par semaine», témoigne Typhaine Guihard, présidente de la Coordination textile et responsable du Vestiaire social. Une fois les vêtements rapatriés, l’association est chargée de les redistribuer à ses membres et partenaires. Parmi les bénéficiaires, le Vestiaire social, le Centre social protestant (CSP), Caritas, Emmaüs et la Croix-Rouge genevoise.

«En une année, nous avons habillé près de 6700 personnes précaires, soit une augmentation de 25% par rapport à 2019», estime la présidente. Selon elle, la hausse s’explique par la guerre en Ukraine, mais aussi par le constat de l’augmentation de la pauvreté après la pandémie.

«Les associations formulent leurs demandes et nous leur apportons ce dont elles ont besoin», explique Typhaine Guihard, qui insiste sur la nécessité d’être vigilant au moment du premier tri. «La qualité n’est pas toujours au rendez-vous. Nous n’avons pas tous la même perception de ce qui est acceptable». Attention donc aux gants troués ou aux chemises trop endommagées qui risquent de ne pas être distribués mais plutôt recyclés.

«Rien n’est jeté»

Heureusement, ce n’est pas le cas des chaussures de Théo, dans un état impeccable. «Ça tombe bien, nous avons justement besoin de ce type de vêtement, avec l’arrivée de nombreux Ukrainiens à Genève», se réjouit la présidente de la Coordination textile (voir encadré). Impossible pour autant de savoir avec certitude où les souliers de Théo termineront leur course. «C’est le hasard qui décidera. Mais rien n’est jeté. Le surplus de textiles récolté dans les boîtes est, lui, destiné à un partenaire, Texaid (ndlr: qui valorise les textiles usagés)», précise Typhaine Guihard.