Patrimoine: le chantier du château de Bellerive inquiète

CONSTRUCTION • D’importants travaux lancés par la fille de l’ex-président kazakh dans et autour de la bâtisse historique préoccupe certains riverains ainsi que l’association SOS patrimoine CEG. La propriétaire se veut rassurante.

  • Sur le chemin du Milieu, l’imposant château de Bellerive avec son accès privé au lac. TR

    Sur le chemin du Milieu, l’imposant château de Bellerive avec son accès privé au lac. TR

Au menu: de grands travaux de rénovation sur la bâtisse historique, la construction d’une piscine et d’un parking souterrain ainsi que l’abattage de plusieurs arbres. Le chantier lancé par la fille de l’ancien président kazakh dans son château au bord du lac, sur la commune de Collonge-Bellerive, ne laisse personne de marbre dans le quartier. «C’est une bonne chose. Il était temps: on voit qu’il était laissé à l’abandon», commente une voisine en pointant du doigt la toiture. Un avis diamétralement opposé à celui de son fils. «On va encore couper des arbres! Et puis quand on voit la taille du chantier qui se prépare, on a l’impression qu’on fait ce qu’on veut quand on a de l’argent», accuse-t-il.

Inquiétudes

Des craintes partagées par l’association SOS patrimoine CEG (contre l’enlaidissement de Genève). Un décompte effectué à partir de la Feuille d’Avis officielle (FAO) publiée en ligne fait état d’une trentaine d’arbres coupés, dont six chênes et deux frênes. L’association se dit également préoccupée par la valeur archéologique de la bâtisse: «Il semble attesté que la construction du château s’est alimentée de matériaux de l’abbaye cistercienne de Bellerive, alors en ruine, quelque six cents mètres en amont et aujourd’hui totalement disparue», précise Jean-Christophe Curtet, membre de SOS patrimoine CEG. Et de préconiser qu’«il ne sera pas inutile que notre Service archéologique surveille le chantier de près».

De son côté, Dinara Kulibayeva – fille de l’ancien président kazakh Nazarbaïev – affirme être soucieuse de la valeur patrimoniale de l’édifice et de son jardin. «Ma cliente ne s’opposera à aucune demande de classement de la propriété», rassure son avocat, Me Jean-Christophe Hocke. Et d’ajouter: «Nous travaillons depuis deux ans avec un architecte et des historiens.»

Pour lui, les craintes de SOS patrimoine CEG ne sont pas fondées: «Finalement, ces travaux sont une bonne nouvelle pour le château. Cela permettra de le pérenniser, notamment pour ce qui de son toit et des charpentes», estime le juriste.

Soulagement des autorités

Si elles s’étaient montrées inquiètes dans un premier temps, les autorités se disent aujourd’hui rassurées. «Ce château a été reconnu comme ayant une valeur exceptionnelle en 1981. Cela signifie qu’en cas de travaux, de nombreuses qualités patrimoniales doivent être respectées. On ne peut pas y faire n’importe quoi», rappelle Pauline de Salis, secrétaire générale adjointe au Département du territoire.

Un avis que partage la Municipalité. «Les membres du Conseil administratif sont sensibles à toute initiative des propriétaires destinée à préserver cette demeure historique de la commune et de mettre en valeur ses qualités patrimoniales», affirme notamment Nathalie Girard Besson, Secrétaire générale.

Concrètement, le château de Bellerive doit être traité comme un bâtiment protégé. Autre argument: le travail d’études historiques et de visite du site réalisé en amont par l’Office du patrimoine et des sites. Enfin, le Département du territoire informe que le château de Bellerive pourrait être classé. Une procédure en ce sens vient justement d’être ouverte.