Le pique-nique est installé à l’avant du bateau, le soleil est sorti des nuages. Ce dimanche s’annonce enfin paisible. Le temps de retourner chercher un verre de vin dans la cabine et tout sera parfait.
A mon retour, le sac plastique qui contenait les sandwichs a disparu. La bise l’a emporté sur l’eau. La honte. On tente de le récupérer avec la gaffe, mais il prend l’eau et commence à sombrer. Un ami se jette à l’eau pour le récupérer, mais le déchire dans un mouvement trop brusque. Plusieurs bouts de plastiques se font désormais emporter par le vent. La honte.
127 grammes par kilomètre carré
L’une d’entre nous tente de nous rassurer: «Un petit bout de plastique, dans ce grand lac si propre, ce n’est pas dramatique.» Une autre dégaine son téléphone et y découvre que, selon les dernières mesures, notre lac serait au moins aussi pollué par le plastique que les océans. Et ce surtout à cause des plastiques d’emballage. La concentration moyenne de plastiques visibles à la surface serait de 127 grammes par kilomètre carré. Soit 25 sacs tous les km2.
Alors que nous avons toutes et tous vu les images chocs du «continent de plastique» évoluant dans le nord de l’océan Pacifique, nous ignorions que notre Léman avait son canton de plastique. La honte.
* Durant cet été, le journaliste-animateur et producteur Jonas Schneiter se mue en touriste local en passant ses vacances sur le lac. L’occasion de découvrir ce qui est éblouissant, étonnant ou déprimant sur le Léman.