Quand la politique n’attend pas le nombre des années

CITOYENNETÉ • Politika, une association apolitique a été créée par sept jeunes issus de six partis. Explications.

  • De gauche à droite: Virna Conti, Youniss Mussa, Alain Miserez, Davit Ghukasyan, Evan Campolo, Valentin Dujoux et Leïla Müller. DR

Ils sont jeunes, voire très jeunes pour certains d’entre eux. Issus de six partis, sept politiciens âgés de 18 à 35 ans ont créé vendredi 4 novembre l’association Politika. Son but: «stimuler l’esprit civique de la jeunesse, l’intéresser à la vie publique et l’encourager à prendre des engagements civiques».

Tout juste majeur, Evan Campolo (Le Centre) regrette le manque d’intérêt des gens de son âge pour la politique. Pour tenter d’y remédier, il a créé un compte Instagram politika.ge en mars 2020. L’association s’inscrit dans la continuité. «Politika veut permettre aux nouveaux votants de comprendre les outils démocratiques, le fonctionnement de l’appareil politique et simplifier l’actualité. Je pense qu’il est plus simple pour un jeune d’écouter et surtout d’interpeller un jeune engagé de son âge qui peut porter les mêmes sujets de préoccupation ou la même vision de la société.»

Un avis que partage la Vert’libérale Leïla Müller. «Le dialogue entre jeunes est plus écouté et compris si l’on est de la même génération, explique-t-elle. D’autant plus si nous communiquons par les mêmes biais (réseaux sociaux).»

Président des Jeunes Libéraux-Radicaux Genève, Davit Ghukasyan abonde dans son sens: «Lorsque je me suis intéressé à la politique pour la première fois, c’était à 19 ans et cela m’a pris environ deux ans avant de décider de m’engager de manière active.» Selon lui, les partis peinent à s’adresser aux jeunes. «Quand on est novice en politique, on tombe dans un nuage de termes ainsi que d’outils abstraits…» De quoi se décourager. D’où l’idée de créer Politika afin de «centraliser et diffuser de l’information de manière simple et ainsi de combattre l’abstention». Et d’ajouter: «Les jeunes doivent être une source d’idées et permettre des débats sur les sujets les plus tabous.»

Dépoussiérer la politique

Jeune mais déjà expérimentée, la députée UDC Virna Conti estime, elle aussi, que les jeunes sont les mieux placés pour «dépoussiérer le monde politique. De plus en plus de sujets les intéressent, tels que le climat. Ils ont même déployé leurs propres outils pour se faire entendre: la grève du climat les vendredis. On peut critiquer la manière d’opérer, mais les jeunes sont présents désormais sur la scène et il est important qu’ils y restent.»

Youniss Mussa se retrouve dans cette motivation et cette énergie au service de la collectivité. Ce Socialiste qui siège au Grand Conseil depuis ses 21 ans (soit en 2018), revendique «l’honneur de pouvoir participer et peser sur les décisions prises» mais aussi d’être l’un des «porte-voix» de la jeunesse.

«Il y a des sujets jeunes qui peuvent être mis en avant s’ils sont pensés et défendus de manière transpartisane, par exemple sur la vie nocturne ou la question de l’accès au logement», estime à son tour le jeune Vert Valentin Dujoux, conseiller municipal en Ville de Genève.

Last but not least, le Centriste Alain Miserez, qui siège lui aussi au sein du délibératif, relève que Politika s’adresse non seulement aux «jeunes» mais aussi aux jeunes en comparaison avec l’âge médian des décideurs. «La démocratie suisse nous permet de participer aux débats et de s’engager» dans un parti comme au sein de cette association apolitique.