Réforme du cycle: pourquoi vote-t-on?

VOTATIONS • Le 15 mai, les Genevoises et les Genevois voteront sur la réforme CO22. Le point sur les changements qui pourraient entrer en vigueur en 2023.

  • Le 15 mai sera décisif pour l’avenir du cycle d’orientation. 123RF

    Le 15 mai sera décisif pour l’avenir du cycle d’orientation. 123RF

C’est dans un mois que l’avenir du cycle d’orientation se décidera… Le 15 mai, les Genevoises et les Genevoises voteront sur la réforme CO22. Pour rappel, le projet de loi du Conseil d’Etat a été adopté par le Grand Conseil le 12 novembre 2021. Droit derrière, il a fait l’objet d’un référendum porté par une coalition PLR, UDC et Vert’Libéraux. D’où la votation du 15 mai. Gros plan sur les changements qui pourraient entrer en vigueur en 2023. Et sur les arguments des détracteurs de cette loi.

Aujourd’hui, les élèves qui quittent l’école primaire sont dirigés dès la 9e vers des sections du cycle plus ou moins exigeantes selon leur niveau. En dixième, ils doivent choisir des options qui conditionnent leur orientation. Les bons éléments s’en sortent bien, tandis que les plus faibles sont tirés vers le bas. C’est précisément cette sélection précoce et ces inégalités sociales que la réforme CO22 entend combattre.

Exigences différenciées

Ainsi, en 9e année, les élèves seront admis dans des classes mixtes, mais seront évalués différemment dans deux disciplines: l’allemand et les mathématiques. En 10e, les classes demeureront hétérogènes mais le français, l’anglais, les mathématiques et l’allemand feront l’objet d’exigences différenciées afin de favoriser tous les profils. C’est en 11e que les choix d’orientation s’opéreront: les collégiens auront la possibilité d’opter pour la voie qui mène à la maturité gymnasiale ou professionnelle ou celle du certificat pour l’accès aux filières préparant aux certificat fédéral de capacité (CFC) ou aux certificats de l’Ecole de culture générale (ECG). La refonte du cycle ne concernera pas les sections sports-art-études qui permettent aux élèves de poursuivre jusqu’à la maturité tout en se consacrant à des activités artistiques ou physiques.

Conseil d’Etat versus la droite

A l’approche de la votation, le Conseil d’Etat, a tenu à apporter son soutien au projet. «C’est une réponse au bilan mitigé de la précédente réforme de 2011. Celle-ci a montré ses limites, notamment en orientant trop précocement. Le système actuel tend à tirer les élèves vers le bas par des orientations sélectives. Il laisse peu de chances à ceux qui sont en difficulté de profiter de réorientations promotionnelles tout au long des trois années de cycle», argue-t-il.

PLR, UDC et Vert’Libéraux ont lancé un référendum contre une réforme qu’ils qualifient de «bâclée et inapplicable». Comme l’explique le président du PLR, Bertrand Reich: «Elle charge les bons élèves de tirer tout le monde vers le haut. Elle comporte toutefois une voie rapide en deux ans (la «passerelle») qui verra les meilleurs sauter la 10e année, laissant derrière eux les camarades qu’ils étaient censés entraîner, et introduit en outre une évaluation différenciée au sein de la même classe. Ce sera donc une école à trois vitesses.»

Classes surchargées

De surcroît, estiment les opposants, la conseillère d’Etat chargée de l’instruction publique (DIP), Anne Emery-Torracinta a promis que les classes ne comporteraient pas plus de 18 élèves, contre 19,5 en moyenne actuellement, «ce qui impliquerait la création de dizaines de salles de classe». Autant de motifs qui, selon les référendaires, rendent cette refonte du cycle inapplicable, dans des établissements déjà saturés. Et de conclure: «inaboutie, non testée, cette réforme va renforcer les difficultés des plus fragiles».

Une analyse que réfute le DIP: «Cette réforme est déjà en vigueur dans la majeure partie des pays européens les mieux classés à PISA (programme international pour le suivi des acquis des élèves), et dans le Valais, le Jura et Neuchâtel.»