RERUM NOVARUM

Homme de droite, profondément marqué par la philosophie de cette pensée politique, je ne suis pour autant pas d’une droite libérale. En tout cas pas, au sens où, depuis la chute du Mur de Berlin (1989) et la remise en cause mondiale de l’Etat, l’entendent les ultras, les dérégulateurs, les boursicoteurs, les surexcités du profit à court terme. Le radicalisme suisse, celui de 1848, des grandes écoles, des institutions, des chantiers gigantesques qui ont percé les Alpes, de l’industrie, de l’artisanat, des PME, m’inspire davantage, je ne l’ai jamais caché.

Dans ces conditions, je m’étais opposé, il y a 25 ans, à la privatisation du marché de l’électricité, mascotte des ultralibéraux de l’époque, des ennemis de l’Etat, bref de tous ceux qui cherchaient le profit à court terme, souvent au détriment de l’intérêt général. Sans être socialiste (le ciel m’en préserve!), il m’apparaissait que des valeurs comme l’eau, l’énergie, parmi d’autres, devaient être reconnues dans l’universalité de leur utilité à l’humain. Donc, extraites de lois du marché. Je pense la même chose de l’agriculture.

Les jouisseurs du profit sans entraves m’avaient traité de ringard, tout juste bon à lire et relire l’Encyclique Rerum Novarum, du Pape Léon XIII, qui, en pleine Révolution industrielle (1891), défendait en effet la valeur humaine contre l’oppression de la machine et du gain financier. Un quart de siècle plus tard, alors que les thèmes «eau» et «énergie» reviennent comme des comètes au premier plan, avais-je vraiment tort? Chacun de vous en jugera.