Sale et malodorant

Le lac Léman n’a pas toujours été aussi propre qu’aujourd’hui. A une époque lointaine, y boire la tasse pouvait coûter la vie.

  • A la fin du Moyen-Age, le Léman était tellement nauséabond qu’on construisait les maisons  de façon à lui tourner le dos. DR

    A la fin du Moyen-Age, le Léman était tellement nauséabond qu’on construisait les maisons de façon à lui tourner le dos. DR

En buvant la tasse au large, peu de temps après le dernier gros orage, une pensée désagréable m’a traversé l’esprit. Au fait, les stations d’épuration ont-elles débordé dans le lac avec toutes ces pluies? J’ai vite recraché et je me suis renseigné. Dans le Léman, a priori, la réponse est non. Mais, cette insouciance que nous avons toutes et tous en plongeant dans l’eau bleue lémanique est un luxe dont nous oublions la valeur. A la fin du Moyen-Age, on se baignait certes déjà dans notre lac, mais avec la crainte d’y laisser sa vie en y attrapant la peste. Durant plusieurs siècles, le Léman a été tellement sale et malodorant qu’on construisait les maisons de façon à lui tourner le dos. Dans les années 1950, soit peu de temps avant que la première station d’épuration ne soit construite sur les rives, il paraît qu’un alligator lémanique terrorisait les baigneurs. Il s’était échappé de chez son riche propriétaire et avait vidé les plages. Un danger qui aura peut-être motivé encore davantage les villes à construire des piscines à côté du lac. Un substitut plus facilement contrôlable. Celles et ceux qui sont nés après les années 1970 ont sûrement l’impression qu’un lac propre est un droit naturel. Il est en fait une chance à préserver avec attention.

* Durant cet été, le journaliste-animateur et producteur Jonas Schneiter se mue en touriste local en passant ses vacances sur le lac. L’occasion de découvrir ce qui est éblouissant, étonnant ou déprimant sur le Léman.