Seniors: «On doit s’y mettre pour ne pas être déconnectés»

Dispensées par l’Avivo, les formations à WhatsApp et aux autres réseaux sociaux cartonnent auprès des 65 ans et plus. Reportage.

  • Durant les deux heures de cours, Véronique Stofer répète inlassablement les manipulations de base. MP

    Durant les deux heures de cours, Véronique Stofer répète inlassablement les manipulations de base. MP

Ses doigts frôlent l’écran du smartphone sans oser le toucher. «Allez-y Liliane, vous pouvez répondre à l’appel WhatsApp. Vous appuyez directement sur l’icône et vous la faites glisser vers le haut», la rassure sa professeure du jour et membre du comité Véronique Stofer. La septuagénaire s’exécute et sourit en constatant qu’elle a réussi. Bientôt, elle l’espère, l’application n’aura plus de secret pour elle. «Comme ça, je pourrai avoir un contact réel avec mes petits-enfants, s’enthousiasme Liliane. L’autre jour, mon petit-fils m’a montré sa nouvelle chambre en appel vidéo.»

De 56 et 95 ans

Combler la fracture numérique et permettre aux aînés de garder le lien, tel est le but des cours dispensés par l’Avivo (Association de défense et de détente de tou-te-s les retraité-e-s et futur-e-s retraité-e-s) depuis début juin. «Le Covid nous a passablement secoués, explique son vice-président, Ueli Leuenberger. Cette période a fait ressortir le manque de connaissances de ces nouveaux outils chez nos membres. D’où l’idée des cours.»

Un sondage publié dans le journal de l’Avivo permet de confirmer que la demande est forte. Résultat: depuis plusieurs semaines, ces minis formations à WhatsApp, Zoom et la Messagerie cartonnent chez des élèves qui ont entre 56 et 95 ans. De quoi réjouir la «prof», Véronique Stofer: «On prend deux ou trois élèves pour chaque session. Pour 20 francs, ils ont la possibilité de suivre le cours une, deux ou trois fois. Car, à cet âge-là, la capacité d’attention et la mémoire font défaut.»

C’est le cas de Jan, 73 ans. «Je viens pour la troisième fois, pour bien me rentrer tout ça dans la tête. J’ai toujours été ignare en informatique. Mais, on est bien obligé de se mettre à l’ordre du jour, sinon, on est complètement déconnecté de cette société.»

Durant les deux heures de cours, Véronique Stofer épaulée par un «digital senior» répète inlassablement les manipulations de base. Liliane, consciencieuse, prend des notes. Tandis que Jan s’exerce directement sur son écran. Pas toujours facile...

En quête de donateurs

«On s’est rendu compte que certains seniors avaient un manque de connaissance de l’outil lui-même. Ils osent à peine toucher leur smartphone, de peur de faire une bêtise, poursuit Helena Verissimo de Freitas, coordinatrice des cours. Pour les aider on a mis en place une permanence à laquelle ils peuvent s’adresser pour poser toutes leurs questions en tête à tête.»

Là encore, le besoin est réel. Aux yeux d’Ueli Leuenberger, l’offre doit se poursuivre: «Pour le moment le financement est tout juste assuré jusqu’à la fin de l’année. L’Avivo espère trouver les soutiens nécessaires pour pérenniser cette activité.»