Bucarest, un charme baroque

La capitale roumaine puise son charme dans de multiples inspirations. Si elle garde encore des blessures du passé, elle est tournée vers le futur avec des ouvrages architecturaux audacieux.

  • Sculpture «A Carriage with Clowns» d’Ioan Bolborea, devant le Théâtre national Ion Luca Caragiale. 123RF

  • Des rues au charme typiquement parisien. 123RF

  • Le bâtiment de l'ancienne Securitate devenu le siège de l'Union des architectes. 123RF

  • Des cafés au décor très cosy. DR

  • L’Athénée, une salle de concert au cœur de la capitale. 123RF

  • Le Palais du parlement bâti sous Ceausescu. 123RF

Un peu italienne ou latine, un peu parisienne, vaguement orientale et au final tellement roumaine. Foisonnante, exubérante, les façades tantôt lépreuses, tantôt lumineuses, Bucarest est une ville à part, à elle seule un véritable condensé du melting-pot roumain, illustré aussi bien par les multiples architectures qui la façonnent que dans la diversité des visages fatigués qui la sillonnent, dès l’aurore.

Située au sud du pays, la capitale reflète bien l’âme roumaine: romantique et généreuse, tourmentée et orgueilleuse, marquée par ses passés multiples autant que tournée vers le futur avec des rapprochements architecturaux audacieux, tel l’ancien immeuble de la sinistre Securitate de l’ère Ceausescu, dont la façade ancienne, précieusement préservée, est devenue l’écrin du très futuriste bâtiment de… l’Union des architectes roumains.

«Petit Paris»

A déambuler dans les rues de la ville, souvent encombrées d’automobiles bruyantes, on découvre au détour d’un carrefour telle petite église qui reflète la spiritualité orthodoxe des villages d’antan encore si prégnante qu’il n’est pas rare d’observer des passants se signer ostensiblement. Tel immeuble décrépit, héritage de l’architecture communiste, cohabitant harmonieusement avec des façades d’inspiration néo-classique parisienne, legs de l’appel qui fut fait au XIXe siècle à de nombreux architectes français, tous formés aux Beaux-Arts. Ajoutez-y d’immenses boulevards, véritables autoroutes urbaines à six voies de type haussmannien et qui percent la ville de part et d’autre, et vous comprendrez pourquoi il est d’usage, aujourd’hui encore, de surnommer Bucarest le «petit Paris».

L’espace d’un instant, oubliez les façades décrépites des trop nombreux immeubles abandonnés et/ou en voie de délabrement avancé, oubliez le brouhaha permanent des automobiles et des passants toujours pressés, oubliez le métro et les bus souvent bondés et laissez-vous aller à des rêveries de promeneur solitaire urbain.

Théâtres, musées, salles de concert

C’est le meilleur moyen de découvrir le charme d’une vieille-ville qui, quant à elle, n’est pas sans rappeler le nord de l’Italie, entourée de superbes petites statues de personnages illustres disséminées un peu partout dans la cité – y compris celle… d’Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne –, ainsi que la multitude des théâtres, musées, salles de concert qui fourmillent dans la plupart des quartiers de la ville. Car qu’on se le dise, la culture à Bucarest est omniprésente et bon marché. Les Roumains en raffolent, portés par un goût évident pour la musique, le théâtre et… les livres. Les librairies y sont nombreuses, souvent magnifiques et volontiers prises d’assaut par ceux que le communisme, encore présent dans bien des esprits et des murs, a privés de liberté.

Et puis, si vous êtes fatigué, n’hésitez pas à vous offrir une halte bien méritée dans un des multiples parcs ou bistros de la ville, toujours agréables à découvrir. Non seulement on y mange très bien, mais ils sont magnifiquement arrangés et décorés. Car incontestablement, les Roumains ont un sens esthétique inné qui les conduit à imaginer des lieux aussi accueillants que cosy.

Gigantisme d’un certain «génie»

Le palais où siège le parlement roumain est une escale incontournable pour toute personne qui passe par Bucarest. Et pour cause: il s’agit d’un immense édifice de style stalinien, le deuxième plus grand bâtiment administratif du monde après le Pentagone et qui aujourd’hui abrite le pouvoir législatif du pays. Construit en 1984, il devait avec son gigantisme et sa munificence assurer la gloire éternelle de Nicolae Ceausescu, «Danube de la pensée» et «Génie des Carpates». Les images du dictateur déconfit tentant, en décembre 1989 depuis un balcon du palais, de calmer la foule amassée en face de lui sont depuis entrées dans l’histoire. On connaît sa triste fin, exécuté avec sa femme Elena le jour de Noël.

Vols directs depuis Genève

Y aller
Bucarest est à un peu plus de deux heures d’avion de la Suisse. De nombreuses compagnies en assurent la desserte moyennant une escale. Une compagnie low cost propose en revanche deux vols directs hebdomadaires depuis Genève.

Formalités
Pour les citoyens suisses, une carte d’identité ou un passeport en cours de validité suffisent. La Roumanie ne faisant pas partie de l’Espace Schengen, prévoir des délais un peu plus longs aux aéroports.

Monnaie
La monnaie est le nouveau leu roumain. De nombreux bureaux de changes sont disponibles dans la ville et les cartes bancaires sont acceptées partout sans restriction.

Se loger
L’offre hôtelière est abondante, et bon marché. Pour une centaine de francs par nuit, on peut avoir un logement de très bonne qualité.

Visiter
Bucarest fourmille d’églises, de musées ainsi que de nombreux autres lieux culturels chargés d’histoire. Un petit coup de cœur pour la librairie Carturesti Verona et le magnifique café-restaurant qui la jouxte.