Ferveur à Padoue

VÉNÉTIE • Entre l’adorable Saint-Antoine vénéré, la saga du salut de l’humanité signée Giotto et le souvenir des émeutes estudiantines de 1848, Padoue pétille de curiosités.

  • La vieille-ville possède un charme indéniable. GETTY IMAGES

    La vieille-ville possède un charme indéniable. GETTY IMAGES

  • La basilique Saint-Antoine est la deuxième plus grande église de la ville et la plus visitée. CYR

    La basilique Saint-Antoine est la deuxième plus grande église de la ville et la plus visitée. CYR

  • La chapelle de l’Arena. DR

    La chapelle de l’Arena. DR

  • Le canal du Brenta et ses 78 statues. GETTY IMAGES

    Le canal du Brenta et ses 78 statues. GETTY IMAGES

Devant la première marche de l’escalier conduisant aux reliques de Saint-Antoine, un compteur additionne les fidèles. En ce début d’après-midi ensoleillé, 2215 personnes ont déjà admiré la langue miraculeusement intacte, les dents et les cordes vocales en parfait état de Fernando Martins de Bulhões dit Saint-Antoine de Padoue. L’éloquence tout à la fois robuste et harmonieuse de ce prêtre franciscain (1195-1231) était telle qu’elle redonnait la foi à ceux qui l’avaient perdue. Aujourd’hui, on invoque Frère Antoine, canonisé un an après sa mort, pour retrouver des objets égarés et la santé ou exaucer un vœu.

Un lieu de foi

«Le rayonnement de Saint-Antoine est universel. C’est le saint le plus vénéré au monde. Sa popularité demeure un mystère... pour moi aussi. Je fus fasciné par lui à l’âge de 12 ans. Je devins ainsi novice tout en suivant des études techniques», confie le Père ingénieur Giuliano Abraham, septuagénaire allègre et doyen des 52 franciscains de la Basilique Saint-Antoine.

Du monde entier, plus de 4 millions de visiteurs de diverses religions viennent ici avec la même dévotion et le même désir de paix en se recueillant devant les reliques ou en effleurant le sarcophage de Saint-Antoine.

La BD de Giotto

Pour tenter de sauver l’âme de son père banquier usurier que Dante avait précipité en enfer dans l’un de ses écrits, Enrico Scrovegni fit construire une chapelle de style gothique au début du XIVe siècle. Il fit appel à Giotto pour en illustrer les murs.

Après avoir patienté dans un lieu de décontamination pendant 15 minutes, vous accéderez pour un quart d’heure chronométré au chef-d’œuvre absolu du maître toscan. Dans cette succession d’images peintes de 1303 à 1305, l’artiste mit au point la tridimensionnalité pour exprimer, en quelque sorte, la présence encore plus proche de Dieu.

Tout s’articule à travers la vie de Marie, ses parents Anne et Joachim et son fils Jésus. Comme une BD, c’est le récit, en images, de la passion à la résurrection jusqu’à la fresque grandiose du jugement dernier. Le tout est recouvert d’«un ciel plafond» étoilé d’un bleu éclatant propre à Giotto.

Pause-café

CYR • Au cœur de la zone piétonne, le café Pedrocchi à l’architecture néoclassique du XIXe siècle est un lieu de rassemblement touristique. Chacun y vient pour voir la table où Stendhal écrivit quelques pages et les empreintes, dans le mur, des balles tirées par les Autrichiens lors des émeutes estudiantines en 1848, point de départ de la révolte contre Vienne. Outre le sabayon, l’une des spécialités de Pedrocchi est un café avec une crème de chocolat à la menthe. Les ingrédients sont connus mais les proportions demeurent secrètes. Les diverses couches ne doivent pas être mélangées, inutile donc de réclamer une petite cuillère. A vous le coup de langue lapeur au fond de la tasse pour les dernières gouttes onctueuses du breuvage ou un index happeur. Le café Pedrocchi appartient à la ville de Padoue, c’est du haut de gamme, l’autochtone préfère aller un peu plus loin.