Singapour, la nouvelle Babylone

Indépendante depuis 1965, la ville-Etat mise sur le couvert végétal et bichonne son héritage colonial britannique.

  • Les spectaculaires serres de «Gardens by the Bay» invitent à la promenade.

    Les spectaculaires serres de «Gardens by the Bay» invitent à la promenade.

  • La végétation est omniprésente  entre les gratte-ciel.

    La végétation est omniprésente entre les gratte-ciel.

  • Chaque carrefour se donne des allures de jardin public.

    Chaque carrefour se donne des allures de jardin public.

  • La végétation s’empare des plus hauts buildings.

    La végétation s’empare des plus hauts buildings.

La mythique cité mésopotamienne exposait ses fameux jardins suspendus – l’une des sept merveilles du monde antique – à des voyageurs médusés. Aujourd’hui, Singapour prend la relève en accueillant ses visiteurs dans une nature domestiquée dès l’aéroport international de Changi. Avec ses murs végétalisés, ses fontaines et ses orchidées, le hub aux près de 63 millions de passagers annuels fait figure de serre tropicale. Mais le plus étonnant reste à découvrir. Après un quart de siècle d’efforts – et malgré une population qui, en 2030, équivaudra à celle de la Suisse (8,5 millions actuellement) – la ville-Etat se hisse parmi les mégapoles asiatiques les plus agréables à vivre. Elle dispose déjà d’un couvert végétal proche de la moitié de sa superficie (750 km²) en incluant les toitures plantées. Les autorités se donnent une décennie pour diminuer drastiquement ses émissions de carbone. La relative exiguïté du territoire impose de construire à la verticale. On accroche de la verdure aux gratte-ciel, afin de les rafraîchir dans la touffeur tropicale. Leurs habitants – surtout les expatriés – trouvent que leur santé s’y améliore.

Ville-jardin

Dédiés à la biodiversité, Gardens by the Bay – des jardins botaniques high-tech – répondent à la stratégie gouvernementale visant à transformer Singapour «ville-jardin» en une «ville dans un jardin». Face à l’effigie du chimérique Merlion, mi-sirène, mi-lion, ces 101 hectares sont dédiés aux espèces horticoles sauvages… un conservatoire de la forêt humide dominé par l’autre emblème de la mégapole: les trois tours concaves de 55 étages reliées en leur sommet par une passerelle arborisée. Tout là-haut, à 200 mètres, une vaste piscine à débordement plonge littéralement sur l’ArtScience Museum, en forme de… lotus.

A courte distance, une île, Pulau Ubin, se gagne par ferry. Explorer ce mouchoir de poche offre une incursion dans ce que fût l’ancienne colonie. Des générateurs prodiguent l’électricité aux maisonnettes qui sommeillent au bord de la mangrove. Des chiens se prélassent au milieu de la chaussée, à peine dérangés par les bicyclettes qui, ici, remplacent les voitures. Le murmure des vagues se mêle au chant des grillons. Des voix s’élèvent pour protéger cet éden de l’appétit de promoteurs avides d’en faire un nouveau havre touristique, fût-il écologique. La Singapour sauvage existe encore. Pour combien de temps?

Retour aux sources coloniales

Sur le terreau des premières constructions coloniales, Singapour a fait pousser ses totems mondialisés. Mais elle a su préserver de beaux restes. Rahim travaille pour un organisme dédié à la sauvegarde du patrimoine. Du haut de sa tour, il désigne les quartiers qui ramènent aux sources: «Là, vous avez Civic District, le cœur de la ville. De ce côté, ce sont Chinatown et Little India, son âme… et juste en dessous, les quais, autre touche colorée.» S’impose une visite au grand Hôtel Fullerton (du nom de Robert Fullerton, le premier gouverneur de l’Empire britannique). Le bâtiment de style néoclassique chevauche l’ancien palais de 1829. Il illustre la réinvention constante de la cité. La plupart des Singapouriens l’appelaient Poste générale quand il abritait le très exclusif Singapore Club, ses billards, bars et salles à manger. A lui seul, il témoigne de l’ascension de la capitale vers les sphères du commerce et de la finance.

Vols directs depuis Zurich

Y aller décembre/janvier et aussi – dans une moindre mesure –novembre et février bénéficient du meilleur confort climatique. Deux compagnies aériennes (dont une en A380) relient quotidiennement Zurich à Singapour, sans escale.

Séjourner pour s’immerger dans l’ambiance coloniale, plusieurs établissements singapouriens proposent une hôtellerie de haut niveau dans des bâtiments du patrimoine. Le choix s’effectue entre palaces et adresses de charme.

Transit les voyageurs ne faisant qu’escale à Singapour peuvent profiter de l’offre Stopover Holiday, comprenant (pour moins de 50 fr.), l’hébergement, les transferts en navette depuis l’aéroport à l’hôtel, un nombre illimité de trajets avec le SIA Hop-on bus, l’accès gratuit aux principales attractions, ainsi que des réductions dans une sélection de restaurants, boutiques, etc.

Lire Crazy rich à Singapour, de Kevin Kwan (Ed. Albin Michel), La Duchesse de Singapour, de Sophie Jabès (Ed. P.- G. de Preux)

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