«Il faut que les gens puissent retrouver leur liberté!»

Président du Groupement des agences de voyages de Genève, Olivier Emch déplore le flou qui entoure les aides financières. Même s’il rappelle que le Canton fait partie des bons élèves, l’argent tarde à arriver. Une situation qui met en péril de nombreux voyagistes.

  • Olivier Emch: «Les Genevois ont envie de se changer les idées, ils n'en peuvent plus!» DR

En chute libre de 90% depuis le printemps dernier, le chiffre d’affaires d’Executive Travel démontre l’ampleur du désastre. Son directeur, Olivier Emch, qui préside aussi le Groupement des agences de voyages de Genève, en est convaincu, la population genevoise est frustrée de ne pas pouvoir voyager. Il prône un retour rapide à la liberté.

GHI: Les agences de voyages sont à l’arrêt depuis quasiment un an. Gardez-vous le moral?
Olivier Emch:
Pour être franc, c’est difficile car les décisions politiques changent et ne sont pas toujours claires. Il est donc très difficile de prévoir et d’ajuster nos pertes.

– Concrètement?
Je vous donne un exemple, celui des allocations pour perte de gain (APG). Au printemps dernier, on nous a dit que les patrons d’agences de voyages n’y avaient pas droit, puis on nous a promis 3300 francs par mois et enfin 5800. Ensuite, on nous a dit que nous pouvions les toucher que si nous avions une baisse réelle de nos salaires. Néanmoins et pour ceux qui ont pu obtenir cette compensation, merci à l’Etat de Genève qui a décidé de couvrir également la période de juin à septembre non prévue par le Conseil fédéral! Fin septembre, les voyagistes ont été considérés comme étant des cas de rigueur. Des lois sont votées et puis modifiées voire annulées. Il est donc difficile de piloter votre entreprise face à autant d’incertitudes. Car les factures n’attendent pas.

– Comment expliquez-vous cette différence entre les paroles et les actes? C’est certainement une question de lobbying politique. Plus vous vous faites entendre, plus vite vous êtes aidé. C’est triste, mais c’est la réalité. En ce qui concerne mon agence, j’ai perdu 90% de mon chiffre d’affaires depuis le début de cette pandémie. Et il n’y a pas d’aide prévue pour la période de mars à septembre 2020 alors que mon unique priorité est de maintenir les emplois car il y aura un après Covid et je sais que nos clients nous sont fidèles et reconnaissants de les assister.

– Mais les gens ont pourtant envie de voyager? Alors ça, c’est une certitude. Je reçois chaque jour des appels de Genevois qui ont envie de se changer les idées, ils n’en peuvent plus! Mais quand vous leur mettez des bâtons dans les roues, entre les quarantaines et les tests PCR, cela en décourage beaucoup. Il y en a qui partent au Mexique, au Costa Rica ou en République dominicaine, par exemple. Il faut laisser vivre les gens et qu’ils puissent retrouver leur liberté! Et bien entendu protéger ceux qui sont les plus vulnérables. A noter que je reçois aussi beaucoup de demandes d’entreprises qui ont besoin de se déplacer pour des motifs professionnels.

– Vos collaborateurs sont aussi à bout? C’est également difficile pour eux. Je dois gérer une vingtaine d’employés qui ne sont pas toujours motivés et je les comprends. Cela fait bientôt une année qu’ils travaillent partiellement et certains s’ennuient! Ils n’ont qu’une envie, c’est de reprendre le travail. Psychologiquement, c’est difficile mais nous restons très unis face à cette situation.

– Cet été, on pourra voyager comme avant? (soupirs) Il faut poser la question au Conseil fédéral, étant donné qu’il décide de tout ou presque. Je reste néanmoins optimiste car les vaccins devraient permettre de reprendre confiance et j’espère que les médias seront un peu plus indulgents car ils entretiennent trop souvent un climat anxiogène en comptant les «cas Covid» sans citer les autres maladies qui font malheureusement partie de notre monde.