Les joies primitives du bac à sable

  • La compagnie Le Jardin des Délices a créé un ovni artistique. DR

Découvrir le spectacle «Gadoue» s’apparente à une perte de repères. Déstabilisante et revigorante. Le public s’installe autour d’une piste recouverte de boue blanche. Au centre, un jongleur en complet veston cumule les difficultés: ne pas se salir, ne pas glisser, ne pas faire tomber sa balle, tout en tentant des figures de plus en plus complexes. Ça colle, ça glisse, ça tache, les spectateurs partagent ainsi le plaisir de la patouille, du frisson, du politiquement incorrect. Le génie de Nathan Israël y est pour beaucoup. Seul sur scène, il multiplie les surprises. Tiens, il enlève son beau costume taché, se retrouve en simple caleçon, poursuit son show.

Pur bonheur

Si les adultes se régalent, les enfants sont tout bonnement ahuris par ce qu’ils découvrent. Nathan Israël appartient à cette famille du cirque contemporain qui invente des formes nouvelles tout en gardant un lien avec la tradition. Chaque geste peut l’amener à déraper. La chute est inévitable et même nécessaire. Tout en pataugeant dans sa gadoue primitive, cet orfèvre de la balle fait rouler sa sphère d’une main à l’autre, la fait transiter par sa nuque et, tout à coup, la propulse du bout de ses orteils au sommet de son crâne. Un bonheur sans mesure. Miroir de nos conventions sociales, Nathan Israël jongle avec une balle, des blocs d’argile et nos contradictions. Petits et grands, tout le monde se reconnaît. 

«Gadoue», Théâtre du Forum Meyrin, les 8 et 11 janvier, www.forum-meyrin.ch