Créer un opéra sur la théorie de la relativité d’Einstein sans être physicien? Ou même en étant physicien, cela ne changerait rien au culot de la démarche. Ou si peu. En 1974, le compositeur Philip Glass s’y est pourtant attelé durant près de trois ans. Il a tenté une méditation musicale sur le temps, les lieux, les espaces et les événements. En se basant sur les dessins de son collaborateur et metteur en scène Robert Wilson. Au début, fascinés par l’idée, les deux créateurs ont finalement décidé de ne rien en faire et de se tourner vers Albert Einstein, le scientifique le plus fameux des temps modernes: Einstein on the Beach n’a été doté d’aucune narration, d’aucune intrigue et n’obéit à aucune intention biographique.
Relation au temps
Les scènes se succèdent durant près de quatre heures. Le public interloqué peut sortir et revenir comme il l’entend. De la musique de manière ininterrompue. Parfois un monologue apporte un microscopique relief à l’ensemble. Ennuyeux? Jamais. Il faut dire que le metteur en scène Daniele Finzi Pasca, à qui l’on doit le spectacle de la Fête des Vignerons, y est pour beaucoup. Pour lui, Einstein on the Beach c’est la relation de l’être humain avec le temps, la relation qu’il entretient avec les techniques et les traditions, et aussi la relation entre la perspective et le changement. Dans leur langage poétique, avec des artifices techniques d’avant-garde, Daniele Finzi Pasca et sa troupe nous emmènent dans un monde où le temps est déconstruit en moments, où les images et les reflets s’inversent. Ebouriffant!
«Einstein on the Beach», Grand Théâtre de Genève, du 11 au 18 septembre, www.gtg.ch