«Nous devons réfléchir à d’autres types de spectacles»

Le Théâtre du Léman n’a pas touché de subvention. Il doit donc puiser dans sa trésorerie pour survivre à cette deuxième fermeture. Son directeur, Claude Proz, mise aussi sur la retransmission en ligne d’événements réalisés en petit comité. Explications.

  • Claude Proz dirige le Théâtre du Léman depuis 2008. STéPHANE CHOLLET

    Claude Proz dirige le Théâtre du Léman depuis 2008. ©Stéphane Chollet

Faute de pouvoir assurer une programmation normale, Claude Proz, le directeur du Théâtre du Léman, rivalise d’imagination afin de trouver de nouvelles sources de revenus. Un congrès médical en janvier? Des pièces de théâtre retransmises sur Internet? Les idées sont nombreuses, même si l’espoir de retrouver le monde d’avant est grand. Interview.

GHI: En octobre, le Théâtre du Léman a accueilli trois spectacles en faisant le plein de public et puis après, le coup de massue, vous avez dû une nouvelle fois fermer… Claude Proz: C’est franchement déprimant! Au Théâtre du Léman, nous ne sommes pas subventionnés, nous vivons uniquement de notre travail. On travaille ou on crève. Il y a d’abord eu le premier confinement où nous avons dû reporter 65 spectacles. Puis, le déconfinement avec une jauge de 1000 spectateurs. En octobre, c’est vrai, on nous a dit que l’on pouvait à nouveau tourner à plein régime avec les mesures sanitaires classiques et le traçage des spectateurs. Il nous fallait deux heures pour faire rentrer tout le monde, mais personne ne s’en plaignait. Il y a eu trois soirées magiques avec Jérémy Ferrari, Kyan Khojandi et Roman Frayssinet. L’ambiance était au top, les gens applaudissaient encore à la sortie et c’est là que l’on nous a annoncé la deuxième fermeture…

– Quel est votre état d’esprit en ce moment? La peur a remplacé la colère. En octobre, nous nous sommes dit que c’était bon, que les choses allaient pouvoir repartir comme avant. D’autant plus qu’il n’y a eu aucun foyer de contagion dans un théâtre genevois ou dans une salle de spectacle.

– Votre peur, elle est d’abord d’ordre financier? Bien sûr! J’ai pu mettre mes techniciens en RHT (chômage technique), mais moi je n’y ai pas droit. J’ai également pu suspendre le paiement du loyer. Mais cela ne peut durer éternellement, d’autant plus que le 13e salaire des employés n’est pas pris en compte par les RHT, je dois donc puiser dans nos réserves. Heureusement, le Théâtre du Léman a toujours été géré sainement, mais on ne tiendra pas très longtemps dans ces conditions. Et je dois vous avouer que l’idée d’une troisième vague m’angoisse.

– Vous ne restez cependant pas les bras croisés. De nouvelles idées vont se concrétiser ces prochains mois? Oui, c’est le Grand Prix d’Horlogerie de Genève qui m’a ouvert les yeux. Il s’est tenu en novembre au Théâtre du Léman en comité restreint sans public avec une retransmission sur Internet de la soirée. D’abord, tout le monde était très heureux de pouvoir retravailler. Puis je me suis dit que l’on pouvait développer ce type d’événements. J’ai donc pris contact avec des producteurs de théâtre pour imaginer de nouveaux concepts. Pourquoi pas une pièce jouée sur les planches du théâtre avec une diffusion en streaming. Pour rentrer dans nos frais, nous devrons cependant trouver des sponsors. Tout ceci est en discussion. Je réfléchis aussi à la tenue d’un congrès médical en janvier sur le même mode. Nous n’avons pas d’autres choix que de nous diversifier encore et toujours.