Road trip écolo en Suisse romande: Mes vacances avec de l’argent sale

  • Placer ses modestes économies de façon éthique. DR

    Placer ses modestes économies de façon éthique. DR

Dans l’émission Aujourd’hui diffusée tout l’été à 13h15 sur RTS Un, le journaliste Jonas Schneiter part à la rencontre de projets positifs pour le développement durable, accompagné de l’écologiste Marc Muller. Ils sillonnent la Suisse romande à bord de leur bus solaire. Chaque semaine, Jonas Schneiter revient pour GHI sur un projet qui l’a particulièrement marqué. Une émission soutenue par SuisseEnergie et les cantons romands.

Cela fait quelques années que je verse 200 francs par mois dans un fonds que ma grande banque suisse propose. Mon objectif avec cet argent? Partir en vacances quelques mois, quand j’en aurai le temps. Je racontais cela à Anthony Chatelanat, un ancien banquier genevois aujourd’hui reconverti dans la finance durable avec sa société Finetika. De l’autre côté de la table du café, il dégaine son ordinateur, lance son logiciel et introduit les quelques informations que je lui donne sur mon compte. Il fait la moue, retourne son écran: une carte du monde avec une majorité de points rouges s’affiche. «Les quelques milliers de francs que tu as réussi à économiser ont été placés à travers un autre fonds bancaire dans un millier de sociétés dont de très nombreuses qui font du commerce d’armes ou avec des énormes gisements pétrolifères controversés», m’annonce-t-il sans avoir l’air particulièrement surpris.

C’est son quotidien désormais: expliquer à des parents entre autres, que l’argent qu’ils bloquent sur un compte à destination de leurs enfants ne travaille pas pour un avenir positif. Mieux, il propose ensuite d’optimiser nos économies ou nos investissements pour qu’ils soient plus verts et nous rapportent davantage. Une activité puissante mais qui n’est pas encore suffisamment connue. Chaque citoyen helvétique possède, en fait, une force financière non négligeable au niveau mondial. Et même si l’on n’est qu’employé avec de modestes économies! En demandant à son employeur de choisir la bonne caisse de pension, on coupe les vivres de certaines industries et on en encourage d’autres. Cela implique souvent de prendre un peu de recul et de penser à plus long terme. C’est exactement la démarche d’Anthony qui n’en pouvait plus de s’épuiser dans un travail qui ne correspondait plus à ses valeurs et qui lui fournissait à peine suffisamment de pouvoir d’achat pour oublier ses journées de travail dans des loisirs coûteux. En short et polo, souriant sur une terrasse de café à parler de fonds éthiques, il a l’air bien plus heureux que tous les millionnaires cravatés qui lunchent derrière nous. Jonas Schneiter