«Toutes les boîtes de nuit sont menacées de faillite»

Ils ont été les premiers à fermer, ils seront les derniers à rouvrir: les clubs genevois vivent une période très compliquée. Pas de quoi décourager Zabou Elisabeth Jaquet, coordinatrice au Grand Conseil de la Nuit, qui espère une éclaircie en juillet prochain.

  • Zabou Elisabeth Jaquet espère que des événements à l’extérieur pourront être organisés cet été.

    Zabou Elisabeth Jaquet espère que des événements à l’extérieur pourront être organisés cet été. UNSPLASH

Si certaines boîtes de nuit genevoises ont rapidement reçu un soutien financier, d’autres ont dû attendre au moins six mois. Une situation qui met en péril de nombreux établissements alors que les perspectives de réouverture restent globalement floues. Entretien avec Zabou Elisabeth Jaquet, coordinatrice au Grand Conseil de la Nuit, l’association pour la culture nocturne à Genève.

GHI: Quelle est la situation financière des clubs genevois?
Zabou Elisabeth Jaquet:
La situation est difficile. Il existe cependant une différence entre les clubs reconnus par l’Etat comme «commerciaux» qui sont éligibles aux aides de cas de rigueur et ceux reconnus comme «culturels» qui sont éligibles à l’ordonnance Covid Culture. La délivrance des aides aux cas de rigueurs est rapide et efficace. La Confédération a choisi pour les aides aux entreprises culturelles (IPFE) des délais de délivrance très longs. Les lieux doivent attendre six mois entre le début de la période du dommage et l’indemnisation. Cela met les entreprises et associations culturelles dans une situation financière inconfortable et incertaine. Dans les deux cas, les montants indemnisés restent souvent insuffisants.

– Des clubs sont-ils menacés de faillite?
– Tous les clubs sont aujourd’hui dans une situation qui peut mener à la faillite comme tant d’autres secteurs. Les futures aides financières, la durée de la fermeture et les mesures sanitaires choisies par le gouvernement seront des facteurs déterminants pour leur survie.

– Vous sentez-vous soutenue par les autorités?
– Le Grand Conseil de la Nuit a la chance d’être consulté et entendu par des membres du Conseil d’Etat ainsi que les collaborateurs de leurs départements respectifs. Nous avançons en bonne intelligence pour trouver des solutions.

– Dans quel état d’esprit sont les patrons de clubs avec qui vous discutez? Désabusés? En colère?
– Les directeurs ne sont ni en colère ni désabusés. Tous comprennent que la situation sanitaire est grave. Les entreprises et associations essaient d’imaginer et de se préparer au mieux au futur. Malheureusement, la difficulté de se projeter dans l’avenir, même proche, n’aide pas à garder le moral. Cependant, nous assistons à une solidarité sans précédent. Des projets de résidences d’artistes, de live stream permettent aux lieux d’exister, de garder de la cohésion et l’envie d’avancer.

– Pensez-vous que la situation s’améliorera cet été?
– Il est difficile de se prononcer aujourd’hui. Nous espérons pouvoir ouvrir ou organiser des événements à l’extérieur dès le mois de juillet dans le pire des cas.

– Etes-vous favorable à un passeport Covid pour faire la fête comme avant?
– L’une des valeurs communes de nos membres est l’accessibilité aux événements sans sélection discriminatoire. La sélection aux entrées de clubs sur un choix personnel comme la vaccination, qui n’est pas obligatoire du point de vue légal, rentre clairement en conflit avec cette dernière. Dans l’ensemble, notre association n’est pas favorable à une telle pratique bien que certains établissements membres soient déjà conscients que notre marge de manœuvre à ce sujet est réduite et qu’ils devront l’accepter pour survivre si cela est imposé par le gouvernement.