Travailleurs étrangers

EMPLOI • Curieux paradoxe que de voir l’économie ralentir d’un côté, et la recherche de salariés s’intensifier de l’autre. Le premier point est conjoncturel, le second structurel. Ce dernier devient un enjeu économique majeur pour les dix prochaines années (au moins). La semaine dernière, la publication de l’indice de pénurie de travailleurs qualifiés affichait un niveau historique en Suisse. Une situation appelée à empirer avec le départ à la retraite imminent des baby-boomers.

De nombreux pays sont concernés, annonçant une concurrence féroce entre Etats pour attirer les têtes et les mains intelligentes. Le gouvernement allemand lance une grande offensive pour accueillir des millions de travailleurs extra-européens. La loi d’immigration sera largement assouplie en renonçant, par exemple, à l’obligation de maîtriser l’allemand et en facilitant la naturalisation: le délai d’obtention du passeport serait ainsi réduit de 8 à 3 ans! «Une assurance pour la prospérité du pays» selon le ministre du travail.

En Suisse, les appels aux responsables politiques se multiplient. Des patrons demandent au Conseil fédéral une plus grande souplesse pour accueillir des travailleurs issus de pays tiers comme la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la Chine ou l’Inde. Le gouvernement a d’ailleurs déjà assoupli certaines procédures. A l’inverse, des voix s’élèvent déjà contre ces mesures, appelant à privilégier davantage les travailleurs indigènes. Les débats à venir seront assurément aussi tendus que le marché du travail.