Un blocage salutaire

  • DR

CLIMAT • Le Pont du Mont-Blanc a été bloqué durant deux heures le jeudi précédent Pâques. Cet électrochoc était nécessaire. Devant l’inaction du politique et particulièrement du Conseil fédéral en termes de climat, des citoyens ont pris leur courage à deux mains pour s’en coller une sur le bitume, dire stop, ça suffit. Bravo à la police genevoise qui a géré avec professionnalisme cette action, protégeant ces activistes des comportements agressifs.

Immobiliser le trafic est un acte fort. Ces intrépides risquent un casier judiciaire. Ils assument pleinement leurs actes. Les déferlements de haine à leur égard sont grotesques. Les insultes pleuvent. Tirer sur le messager en rassure peut-être certains. Il est infantile de ne pas entendre leur message. Les moralistes invoquent le fait que le blocage temporaire du pont était une prise d’otages et l’action illégale. Certes… mais depuis des décennies la ville est prise en otage par les flux incessants de bagnoles.

La loi est quotidiennement violée par des automobilistes qui tapotent sur leur téléphone au mépris de la vie des autres. Un enfant qui naît en ville a une espérance de vie de 7 ans inférieure par rapport à la campagne du fait de la pollution. Plus de 120’000 personnes souffrent du bruit excessif à Genève avec des impacts sévères sur leur sommeil, leur santé. Les normes bruits sont explosées. Les excès de vitesse sont désormais la norme.

En 2021, le bilan du nombre de morts et de blessés graves sur les routes a atteint des records. Le sang coule. Les contrôles sont insuffisants. Les autorités roupillent. Alors, aux hypocrites qui hurlent parce que neuf habitants se sont assis pacifiquement deux heures sur un pont, à la conseillère d’Etat qui les traite d’illuminés, un seul mot: hypocrites, ôtez d’abord la poutre de votre œil et soignez votre strabisme avant de juger la paille de ces courageux. L’histoire leur donnera raison d’avoir sonné l’alarme.