Un projet flambant neuf pour le Sacré-Cœur

  • L’intérieur du bâtiment a été repensé de A à Z avec un tout nouvel espace de culte mais aussi un restaurant.
  • Les compléments à la demande d’autorisation de construire sont déposés cette semaine.
  • Le point de la situation près de trois ans après l’incendie de l’église qui avait ravagé la toiture et le dernier étage. Notre dossier.

  • Un puits de lumière éclairera un olivier qui poussera dans la nef. DR

  • Il faudra deux ans de chantier pour voir le Sacré-Cœur renaître de ses cendres. DR

«L’objectif est de faire rayonner ce lieu sur l’extérieur»

Philippe Fleury, président du conseil de paroisse du Sacré-Cœur

Les échafaudages n’ont pas bougé. Depuis bientôt trois ans, la façade de l’église du Sacré-Cœur, qui donne sur la plaine de Plainpalais, fait peine à voir. Quant à l’intérieur, même si les déblais ont été évacués, le spectacle de désolation est quasi le même qu’après l’incendie. Rappelez-vous: le jeudi 19 juillet 2018, en milieu d’après-midi, une fumée noire s’échappe de l’édifice religieux vieux de cent cinquante ans*. En quelques heures, les flammes ravagent la toiture et dévastent le dernier étage.

Bâtiment classé

Près de trois ans plus tard, Philippe Fleury peine à regarder les images. Le président du conseil de paroisse du Sacré-Cœur, propriétaire de l’église, préfère se focaliser sur le présent. «Ça y est! On dépose les compléments à la demande d’autorisation de construire vendredi 15 mai. Il s’agit essentiellement d’adaptations exigées par la commission des monuments et sites.» Le bâtiment étant classé, sa rénovation est soumise à une vigilance accrue.

Comment expliquer cependant qu’il ait fallu près de trois ans pour que les choses bougent? «Pendant la première année, on a procédé à la déconstruction. Il fallait savoir ce qui tenait encore ou non», répond Philippe Fleury. Puis vient la réflexion: que faire de ce lieu? «Il était très peu utilisé. Cela n’avait pas de sens de reconstruire l’intérieur à l’identique», poursuit le président de la paroisse.

Même son de cloche de la part du vicaire épiscopal du Canton de Genève, Pascal Desthieux: «On avait le projet de faire notre maison d’Eglise route de Malagnou. Ce sera finalement à Plainpalais!» Le but: rassembler les services de l’Eglise catholique romaine (ECR) sous un seul et même toit et rentabiliser les lieux sur le long terme grâce à un locataire fixe. Mais pas que. «L’objectif est aussi de faire rayonner ce lieu sur l’extérieur, insiste Philippe Fleury, de sortir l’Eglise de l’église et que ce soit un bâtiment vivant la semaine ou encore le soir et pas seulement les jours d’office.»

Un olivier au cœur de la nef

De cette réflexion est né un projet novateur et inspiré. «Un nouvel élan», selon les mots de l’architecte, le Tessinois Christian Rivola, cité dans la Tribune de Genève en janvier.

«On va percer un puits de lumière dans le toit. Cela éclairera l’olivier qui va pousser dans la nef», dévoile le président de la paroisse. L’arbre symbole de paix, mentionné dans la bible, donnera une identité forte à l’église, voire attirera Genevois et touristes désireux de découvrir cette particularité.

«L’olivier», ce sera aussi le nom du restaurant. Situé au rez-de-chaussée, l’établissement sera ouvert vers l’extérieur. S’ajoutera une salle des fêtes, sous la verrière, au dernier étage qu’il sera possible de louer pour des mariages, des baptêmes ou encore des anniversaires. Il y aura, en lieu et place de la crypte, une salle d’exposition et de concerts. Tandis que les bureaux de l’ECR seront regroupés à l’étage.

«Du jamais vu!»

«C’est du jamais vu!» résume Philippe Fleury. «On ressent de l’enthousiasme», renchérit le vicaire épiscopal. Idem du côté de la communauté catholique hispanophone qui officie aussi ici. D’autant que le lieu de culte va connaître un sacré coup de neuf. L’autel sera en effet situé dans l’allée centrale tandis que les bancs, de part et d’autre, seront tournés vers ladite allée. «Conformément à la réforme de la liturgie, il y a cinquante ans, le peuple de Dieu est désormais réuni autour du Christ», souligne le vicaire Pascal Desthieux. Une petite révolution!

La demande d’autorisation finale ayant été déposée, les travaux pourraient débuter au plus tôt cet été ou à la rentrée. Il faudra ensuite deux ans de chantier pour voir le Sacré-Cœur renaître de ses cendres.

* La vidéo de l’incendie du 19 juillet 2018
Celle des dégâts du toit de l'église du Sacré-Coeur 

Appel aux dons

Le projet de rénovation du Sacré-Cœur à Plainpalais devrait coûter environ 20 millions de francs. «L’assurance va prendre en charge une partie», explique Philippe Fleury, président de la paroisse. Le bâtiment étant classé, celle-ci va solliciter des demandes de subventions. S’ajoute un financement bancaire et pour atteindre les 20 millions, «on part à la chasse aux dons», conclut Philippe Fleury. Après une période de doute sur la capacité de financement, l’équipe du Sacré-Cœur se veut confiante.