Une élection qui a mal tourné… le Conseil d’Etat est pris en otage

  • Gravure représentant la prise de l’Arsenal de l’Hôtel  de Ville.  BIBLIOTHèQUE DE GENèVE

    Gravure représentant la prise de l’Arsenal de l’Hôtel de Ville. BIBLIOTHÈQUE DE GENÈVE

HISTOIRE • En 1864, les Genevois se distinguent par une «Genferei» à caractère politique qui aura hélas des suites tragiques. Le 12 juillet 1864, le conseiller d'Etat radical Jean-Jacques Challet-Venel est élu au Conseil fédéral.

A Genève, une élection complémentaire est organisée pour repourvoir le poste laissé vacant. Elle a lieu le dimanche 21 août et oppose James Fazy à l'indépendant Arthur Chenevière qui, à la surprise générale, remporte le siège. C’est un «Grand Bureau» de 17 commissaires électoraux désignés par le Conseil d'Etat qui valide cette élection, non sans problèmes.

Une fois le résultat connu, les esprits s'échauffent. Le 22 août, les Radicaux n’acceptant pas la défaite, forcent les portes de l'arsenal du Grand-Pré. Ils marchent sur Chantepoulet et tiennent par les armes le secteur du pont de l’Ile, du pont de la Machine, des Bergues et surtout la tête du tout nouveau pont du Mont-Blanc – construit en moins d'un an et inauguré le 29 décembre 1862. Déstabilisés, les Indépendants se replient sur l’Hôtel de Ville, où doit se dérouler le même soir la signature solennelle de l’acte fondateur de la première Convention de Genève pour les secours aux blessés, dans la salle qui deviendra plus tard celle de l’Alabama. Des échelles sont dressées contre le mur de l’Arsenal (aujourd'hui bâtiment des Archives d’Etat). On se saisit d’armes à feu et de munitions. Le Conseil d’Etat est fait prisonnier à l’Hôtel de Ville par l’orfèvre Antoine Vettiner. Il est fort heureusement assez rapidement libéré par des troupes en service, venues au pas de charge depuis le camp de Plan-les-Ouates.

Au final, l'émeute de Chantepoulet aura fait trois morts et huit blessés, sans compter la prise en otage du Conseil d’Etat à l’Hôtel de Ville! Les autorités fédérales prennent une décision rapide et c’est un Valaisan, le colonel Barman, qui prend le commandement de la brigade d’intervention qui rétablit l’ordre à Genève. L’occupation militaire de Genève par des bataillons de Berne, d’Argovie et de Vaud durera jusqu’au 12 janvier 1865. Une «Genferei» politique qui mériterait rétrospectivement un prix!