Réduire l’éclairage nocturne, inciter les entreprises à proposer des repas végétariens, traiter la crise climatique avec la même urgence que la crise Covid, faciliter l’organisation des fêtes de quartier ou interdire totalement de fumer dans les espaces publics... Voilà quelques unes des 104 propositions qui ont émergé du Forum citoyen.
Pour les découvrir et en débattre, une soirée d’échanges est organisée lundi 28 mars en présence des trente membres du Forum et des deux conseillers d’Etat concernés, Serge Dal Busco (chargé des Infrastructures) et Antonio Hodgers (à la tête du Département du territoire).
«C’était comme gagner au loto!»
C’est ce dernier qui a lancé cette démarche participative en 2020. «L’objectif était d’entendre les citoyens sur leurs souhaits pour la Genève de demain, explique le magistrat vert. Au moment des votations, le peuple répond aux questions par oui ou par non. Cette fois, il s’agissait d’aller plus loin. Et de revenir à l’essence même de la démocratie.»
Tout commence par un tirage au sort. Sous la houlette de l’Université, un panel de 3000 citoyens est présélectionné. 360 d’entre eux se portent volontaires. Enfin, trente personnes représentatives de la population genevoise (en terme de genres, d’âges, de provenance géographiques, de catégories socioprofessionnelles, etc.) sont choisies au hasard. «Un micro Genève», résume Antonio Hodgers.
Parmi les heureux élus: Eveline Bagnoud Zhou, 32 ans, habitante des Pâquis et mère de deux enfants de 3 et 6 ans. «J’étais vraiment ravie! D’habitude, on a l’impression que pour donner son avis, il faut le crier sur les toits. J’ai vu ça comme gagner au loto!» Commence alors un long processus. L’objectif étant de répondre à cette question: «Vous avez les clés de Genève, qu’est-ce que vous faites?»
Après un premier temps de découverte et d’échanges, suivent quatre week-ends de travail collaboratif au printemps 2021. Les membres du Forum sont formés, auditionnent des experts, débattent et délibèrent. «Je pensais qu’on allait se crier dessus, qu’on n’arriverait jamais à se mettre d’accord», souligne Eveline Bagnoud Zhou. Que nenni! Les conversations sont nourries et les propositions concrètes fleurissent.
«Dépasser la posture du râleur»
Au nombre de 104! «Et toutes compatibles les unes avec les autres», souligne Antonio Hodgers. Car, tel est l’un des enjeux majeurs: comprendre que tout est lié, qu’une décision a des conséquences qu’il faut assumer. Par exemple: ne plus couper un seul arbre a un impact colossal sur la construction de logements. «On a obligé ces citoyens à se mettre dans la peau des gouvernants, poursuit le conseiller d’Etat. A dépasser la posture du râleur, à voir plus loin que sa cour d’immeuble ou son quartier et à penser l’aménagement pour le bien commun.»
C’est ainsi qu’Eveline Bagnoud Zhou a, par exemple, revu sa position concernant la voiture. «Résidant en ville, j’en ai moins besoin. Mais, j’ai mieux compris l’enjeu pour les gens qui habitent en campagne et donc l’impossibilité de bannir l’automobile du centre-ville. Et la nécessité d’arriver à un consensus plutôt que de camper sur ses positions.» Autre anecdote révélatrice: «On a très bien mangé pendant toutes nos journées de travail. Le dernier week-end, on a tous demandé un repas végétarien.» Signe selon elle, de cette volonté des uns et des autres d’agir à son niveau.
Au final, 97% des propositions ont été adoptées à l’unanimité par les membres du forum. Elles ont été transmises au Conseil d’Etat en juin 2021. «Nous avons pris position sur chacune, stipule Antonio Hodgers. Pour certaines, c’est déjà fait ou en cours; pour d’autres, cela relève de la compétences de la Confédération ou des communes, nous leur avons donc transmis. Dans l’ensemble, nous sommes d’accord avec presque tout.»
Si vous souhaitez à votre tour donner votre avis, ce sera le 28 mars au pavillon Sicli.