Le vin: un médicament?

  • Le vin: un médicament ?

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    Le vin: un médicament ?

Au Moyen Age, le vin avait non seulement une valeur religieuse et symbolique, mais les médecins le recommandaient volontiers comme remède pour diverses maladies. On le mélangeait souvent avec des épices ou des plantes, tel le vin de muscade qui se prenait en cas de fou rire. En effet, ce dernier avait la réputation de «dessécher les poumons et d'agiter le foie». Le vin de verveine était conseillé pour les morsures d'araignées et l'hypocras (mélange de vin, d'épices et de sucre) pour favoriser la digestion. Plus généralement, boire du vin tous les jours était considéré comme normal et bon pour la santé. Il fallait juste adapter la quantité selon l'âge, le sexe, l'état de santé ou encore la saison. Des vins forts en hiver, clairets ou blancs en été et, par temps de brouillard, la meilleure protection consistait à boire quelques gorgées d'un vin blanc doux et capiteux. D'après les sources que nous possédons, les doses quotidiennes pouvaient atteindre 2 à 3 litres par jour dans certains milieux, parfois plus… Certes les vins médiévaux ne titraient que 6 à 8 degrés en moyenne mais tout de même!

Nus dans les couloirs

Les chroniqueurs de l'époque citent fréquemment, et avec délectation, des exemples d'ivrognerie. En 1378, lors d'un banquet, l'empereur d'Allemagne Charles IV se trouva dans un tel état d'ébriété qu'il fallut l'évacuer et interrompre le repas. Quant au roi de France Charles VI, il avait la réputation de «mouiller régulièrement sa pipe». Souvent, après avoir passé des heures à manger et à boire, il allait tout enivré aux bains du château, «se promenant nu dans les couloirs et entrant dans les chambres pour honorer les dames»... Il est vrai que les médecins, encore eux, reconnaissaient des vertus à l'ivresse et allaient jusqu'à la prescrire à un rythme régulier pour se purger… mais pas plus d'une fois par mois comme l'écrivait le grand savant Avicenne… Même l'Eglise était touchée puisqu'on a retrouvé des règlements contemporains qui interdisaient aux prêtres de dire la messe en état d'ébriété! A ce propos, des textes nous montrent que la ration de vin quotidienne dans certains monastères dépassait les 3 litres…

A la trogne on reconnaît l'ivrogne

Cependant, que ce soit de la part des moralistes, de l'Eglise ou des médecins, on assiste au 15e siècle à une réelle prise de conscience des problèmes que peuvent engendrer l'alcoolisme. Dès lors, l'excès de boisson va devenir, comme la Gula (la gloutonnerie), un péché capital. On se met alors volontiers à décrire et à ridiculiser les ivrognes: «la trogne rougie, l'haleine se charge et lui pue, les fumées du vin lui montent à la tête, il jacasse plus fort qu'un geai, il débite de travers avec les paupières châssieuses». Ou encore mieux: «Il avait le mufle tout bouffi et ses yeux étaient cachés comme au fond de deux cornets à dés. Son nez, tourné en pied de marmite était chargé de vingt ou trente autres petits nez de toutes les couleurs et paraissait une nèfle écrasée. Sa figure courte et ramassée ne pouvait se soutenir tant l'eau-de-vie dont elle était pleine la faisait chanceler». Pourtant, comme l'écrivait Grimod de la Reynière, auteur de l'almanach des Gourmands en 1801, «il y a trop de vin dans ce monde pour dire la messe; il n'y en a point assez pour faire tourner les moulins; il faut donc le boire». Oui mais avec modération!