Fausse couche

Je n’arrive plus à faire l’amour avec mon compagnon depuis que nous avons perdu notre enfant. J’ai l’impression d’être complètement bloquée et de ne plus pouvoir en sortir? Et lui est tellement frustré que cela crée de fortes tensions et disputes entre nous: j’ai vraiment peur de le perdre!

Difficile d’avoir envie de faire l’amour quand on a perdu un enfant en cours de grossesse et que notre cœur est plein de tristesse et de désillusion. Vous étiez si contents d’attendre ce bébé dont vous rêviez tous les deux, même s’il était encore invisible à l’œil nu. Vos seins avaient pris du volume et votre ventre allait s’arrondir… Et soudain ces saignements qui signent brutalement la fin de votre espoir et l’arrêt du processus, avant qu’il puisse parvenir à son terme! Aux regrets se mêlent souvent la culpabilité d’avoir fait quelque chose de faux ou de trop, des sentiments d’injustice et la peur d’être infertile ou stérile.

Tous les couples qui traversent cette épreuve sont mis à mal. La femme est atteinte dans son intégrité physique et psychique, car c’est elle qui vit dans son corps les douleurs et la souffrance de l’interruption de grossesse, qu’elle soit médicamenteuse ou chirurgicale. L’homme est plus perturbé sur le plan émotionnel, ce qu’il va tenter de cacher pour épargner et soutenir sa compagne. Comment éviter dans ces circonstances de ne pas s’éloigner l’un de l’autre dans cette vie intime qui devient potentiellement autant source de vie que de mort?

Il faut vous donner un peu de temps pour faire votre travail de deuil. Ne tardez pas trop pour reparler de votre vécu et échanger votre ressenti avec votre compagnon. En partageant votre tristesse et vos doutes, vous pourrez vous rapprocher et renouer de la complicité, déjà sur le plan verbal et émotionnel. Ne cachez pas vos larmes, car elles pourraient vous donner envie de vous consoler et de vous réconforter dans les bras l’un de l’autre. Et, par la même occasion, de réveiller votre désir sexuel grâce à l’intimité et à la tendresse partagées… Car votre désir d’enfant est certainement encore bien présent et constitue le plus puissant moteur pour vous donner envie de recommencer à faire l’amour, dans l’espoir d’une nouvelle grossesse.

Pour une réponse personnelle, écrivez à: Dr Juliette Buffat, GHI, CP 167, 1211 Genève 4. Joindre une grande enveloppe (18x25 cm) timbrée. Les lettres ne sont pas ouvertes par la rédaction. Ou envoyez vos questions par e-mail à l’adresse: cherejuliette@ghi.ch