Fermeture d’offices: «La Poste s’adapte aux nouveaux usages»

Le 30 juin, la filiale du Stand sera supprimée. De quoi créer une certaine grogne. Chiffres à l’appui, La Poste s’explique.

  • L’office postal du Stand. Selon La Poste, le nombre de versements réalisés au guichet y est deux fois moins élevé qu’il y a dix ans. FRANCIS HALLER

    L’office postal du Stand. Selon La Poste, le nombre de versements réalisés au guichet y est deux fois moins élevé qu’il y a dix ans. FRANCIS HALLER

L’annonce de la fermeture de l’office postal du Stand a suscité de vives réactions. De quoi demander des explications plus poussées à La Poste. Interview de Laurent Savary, responsable politique et communication pour la Suisse romande.

GHI: Pourquoi fermer la poste du Stand?
Laurent Savary:
De moins en moins de gens effectuent des opérations au guichet postal. A l’office du Stand, en dix ans, le nombre de versements s’est réduit de moitié et le nombre de lettres déposées de deux tiers (-66%). De plus, sur la même période, alors que le volume des colis connaît une hausse continue en Suisse, ce n’est pas le cas à la filiale du Stand où cette prestation a baissé de 13%.

– Quand allez-vous arrêter de fermer des bureaux à Genève?
– La Poste n’a fermé des offices de poste, sans les remplacer sous une autre forme, que dans des cas exceptionnels. Après une analyse poussée, certains offices sont au contraire maintenus. En réalité, depuis 2016, le nombre de points d’accès a régulièrement augmenté, et non diminué. A Genève, il est passé de 86 à 95 aujourd’hui. Pour la Suisse, sur la même période: de 4200 près de 4700. Ces points se diversifient en fonction des besoins: office de poste, filiale en partenariat, automate à colis ou encore «PickPost» pour le dépôt et retrait de colis. D’ici à 2024, La Poste stabilisera son réseau. A Genève, il devrait y avoir près de 40 filiales en exploitation propre (plusieurs dossiers sont en cours d’évaluation). En Suisse, 800 demeureront.

– N’est-il pas de la responsabilité de La Poste d’assurer ses services à toute la population?
– C’est le cas. Le mandat de La Poste est défini par la loi. Il comprend le service universel couvrant l’ensemble du territoire. Celui-ci est garanti et le restera. La Poste doit ainsi s’assurer qu’au moins 90% de la population puisse atteindre un office ou une filiale en partenariat en vingt minutes (trente minutes pour les régions avec service à domicile) à pied ou en transports publics. On dépasse ce taux d’accessibilité dans tous les cantons. A Genève, il s’élève à 99,5%. Dans le cas du Stand, les clients ont trois offices comme alternatives, dans un périmètre de 800 mètres, soit Mont-Blanc, Rive et Jonction.

– Quid des personnes âgées qui se déplacent difficilement et n’ont pas accès à l’informatique?
– Dans une filiale en partenariat, installée dans un commerce local, on peut réaliser 97% des opérations effectuées dans un office postal. Qui plus est très souvent avec des horaires plus larges en soirée ou le week-end. Ces commerces sont une solution très prisée. Pour les personnes âgées ou à mobilité réduite, d’autres alternatives existent comme la possibilité d’effectuer des paiements chez soi, auprès du facteur, dans les villages ou les zones moins bien desservies.

– Il y a beaucoup de mécontents...
– Nous entendons ce mécontentement, cela prouve que les Suisses sont attachés à leur poste. Nous faisons partie de l’ADN de la Suisse. Mais la réalité est là: les clients, une grande partie d’entre eux du moins, changent leurs habitudes de consommation. Aujourd’hui, le nombre d’opérations réalisées au guichet est deux fois moins élevé qu’il y a vingt ans. La Poste doit s’adapter, raison pour laquelle elle diversifie ses points d’accès.

– Votre mission de service est-elle sacrifiée sur l’autel de la rentabilité?
– Pour remplir son mandat de service universel, La Poste ne reçoit pas de subventions, ni de fonds publics de la Confédération. Elle en assure le financement par ses propres moyens. L’argent circule même dans le sens inverse puisque l’entreprise versait chaque année 200 millions de francs jusqu’en 2020 sous forme de dividendes à la Confédération, son propriétaire. Dès 2021 et pour une période de cinq ans, la Confédération a accepté de baisser ces dividendes à 50 millions afin que La Poste puisse financer les investissements à venir. Sans oublier que La Poste paie, comme toute entreprise, des impôts et taxes qui s’élèvent à plus de 250 millions de francs.