«La boxe s’ouvre à la féminité»

  • Ornella Domini

    Ornella Domini

Ornella Domini

Championne suisse du noble art, cette Genevoise de 24 ans a décidé de passer professionnelle. Une première dans les annales de la boxe genevoise.

«La boxe s’ouvre à la féminité»

PROPOS RECUEILLIS PAR JÉRÔME FONTANET

- Vous êtes championne suisse de boxe amateur. Qu’est-ce qui vous séduit dans ce sport ?

- C’est avant tout son âpreté, sa dureté. Vous devez dépasser vos limites physiques et mentales, en faisant preuve d’une grande humilité. La boxe, c’est une véritable école de vie.

- Votre premier amour, c’était le foot pourtant…

- J’y ai joué, c’est vrai, mais, j’ai ressenti le besoin de m’épanouir dans un sport individuel. Alors, pourquoi pas la boxe? Il y a cinq ans, je n’y connaissais rien. J’ai tapé sur Google pour trouver une adresse. Et je suis tombée sur le Boxing club genevois, par hasard.

- Vous vous souvenez de votre première fois ?

- Oh oui! J’ai débarqué dans ce monde viril en talons hauts et maquillée. Stupeur dans la salle! Par la suite, j’ai dû faire ma place et convaincre Samir Hotic, mon coach, de me prendre sous son aile. Il n’était pas chaud. Dans son pays, les femmes ne boxent pas…

- Féminité et boxe font-elles bon ménage, à votre avis ?

- Bien sûr. La boxe, ce n’est pas juste deux brutes qui se tapent l’une sur l’autre. Il y a toute une élégance, une technique, une finesse des mouvements. «Vole comme un papillon, pique comme une abeille», disait Mohammed Ali, qui avait saisi toute la subtilité du noble art.

- Y a-t-il beaucoup de filles qui enfilent des gants ?

- Oui, de plus en plus. Depuis quelques années, ce sport s’ouvre à la féminité. Dans mon club, c’est presque la parité, preuve que les mentalités ont évolué. La femme d’aujourd’hui a pris de l’assurance, au point de bousculer les derniers bastions masculins. Et cela me ravit.

- Mais le sexisme existe toujours. Etes-vous sujette aux sarcasmes ?

- Parfois. Certains me regardent bizarrement, d’autres ne me croient pas. Alors, pour éviter les clichés, du genre «la boxe, c’est pour les camionneuses!», je préfère rester discrète sur le sujet. Avec mes proches, je parle de l’air du temps ou de peinture à l’huile, mon autre passion.

- Dans la vie, vous êtes d’un calme olympien. Et sur un ring ?

- Alors là, ça change tout. Je suis un peu plus méchante. Entre les cordes, s’il y a du respect entre les filles, il n’y a par contre aucune pitié…

- Vous allez passer pro. Vous serez la première boxeuse genevoise à franchir ce cap. Pourquoi ce choix?

- Après deux titres de championne de Suisse, en 2009 et 2012, j’avais envie de me lancer un nouveau défi, en dépit d’un emploi du temps chargé. Je vais devoir jongler entre mes études en radiologie, mon job d’agente de sécurité et la surcharge d’entraînements. Mais il faut vivre ses rêves, non?

- Votre baptême du feu se déroulera où et quand ?

- Je serai à l’affiche d’un meeting qui se tiendra à l’Hôtel Ramada, le 26 janvier. Pour faire le poids sur la balance, il faudra que je perde quatre kilos d’ici là. Adieu le chocolat, mon péché mignon….

Gala interntional de boxe, samedi 26 janvier à 19h30, Hôtel Ramada Encore Genève - Event Center La Praille (route des Jeunes 12, Carouge). Rens. 022.328.53.96.