Sur la place du Bourg-de-Four, les chaufferettes poussent comme des champignons. La Pomme d’Or a été le premier établissement à allumer la flamme. Depuis que le Canton a donné son feu vert le 27 septembre dernier, une centaine de cafetiers-restaurateurs a fait la demande d’autorisation (lire encadré).
Au cœur de la Vieille-Ville, la Pomme d’Or a été suivie de près par Hélia et le Bistrot des Arts. L’administrateur de ce café, Jean-Pierre Petitot s’est résolu à investir: «Sans ça, aujourd’hui, c’est compliqué. D’ailleurs, la Clémence qui n’en avait pas jusque-là vient de déposer une demande.»
Sur la place, la différence est notable. En cette soirée de décembre, la terrasse de la «Clém’» est désertée au profit de ses voisines forcément plus chaleureuses. «Le plaid ne suffisait plus. Les chaufferettes permettent aux gens de rester dehors. Et à ceux qui n’ont pas le pass Covid de venir quand même», précise Jean-Pierre Petitot. L’intérieur du bistrot étant petit, il estime que «la moitié de l’activité peut se faire à l’extérieur grâce à ça».
Copropriétaire de l’Octopus, un restaurant de poissons à Champel, Olivier Adam partage en partie ce constat: «L’instauration du certificat obligatoire a fait chuter la clientèle et le chiffre d’affaires. On peut récupérer un peu grâce aux chaufferettes. Car, en période de Covid, ce que les gens veulent, c’est pouvoir manger dehors.» Et d’ajouter: «La ville pourrait être plus permissive quant à l’aménagement des terrasses par les restaurateurs, notamment en leur permettant de les protéger partiellement du vent au moins sur deux côtés. Sans protection, c’est un pis-aller.»
Un investissement conséquent
A ces problèmes pratico-pratiques s’ajoute la question du coût. Celui-ci n’est pas le même selon l’option choisie. Dans le cas des chaufferettes à bois, la location d’un pied coûte 1200 fr. par an. Puis il faut compter 6 francs environ pour 15 kilos de pellets, de quoi alimenter deux pieds durant dix heures.
Pour les chaufferettes au biogaz, le restaurateur loue chaque pied 500 francs par an. La bouteille, elle, revient à 35 francs. «Elle permet de chauffer durant cinq heures, indique Jean-Pierre Petitot. On essaie de se limiter à une bouteille par jour et par pied. Cela demande d’être vigilant afin de ne pas les laisser allumés en permanence.» A noter qu’à la signature du contrat, il est obligatoire d’acheter 60 bouteilles par pied. Et que le restaurateur s’engage pour trois ans. «Il faudra aussi stocker les pieds durant la belle saison… C’est un investissement important, mais, heureusement qu’on a ça! lance l’administrateur du Bistrot des Arts. De plus, si les autorités venaient à refermer les salles de restaurants, on aura au moins anticipé…»