Guilhem Tardy en est convaincu, les avis et dérogations pour abattages d’arbres ont explosé dans le canton de Genève de 2018 à 2019. Selon les dernières statistiques du fondateur de PilierPublic.com, la hausse en un an est énorme: «Nous avons recensé 2399 avis et dérogations pour abattages en 2019, contre 1134 en 2018. Cela signifie une augmentation de 111% dans le canton. Ces chiffres sont incontestables.»
Manque de transparence
Antonio Hodgers, conseiller d’Etat chargé du Département du territoire (DT), ne l’entend pas de cette oreille. Il conteste formellement cette hausse: «L’augmentation des avis relevée est due à un changement de pratique de publication dans la Feuille d’avis officielle (FAO) et non à une hausse des autorisations d’abattages. En réalité, 5565 arbres en tout ont été autorisés à l’abattage en 2019 contre 6574 en 2018.»
Qui dit vrai? Jean Hertzschuch, président de l’association Sauvegarde Genève, a son idée sur la question: «On a tenté et on tente toujours de nous cacher les vrais chiffres sur les abattages d’arbres. Cette culture du manque de transparence est d’un autre âge. Encore plus grave, cela contribue à la perte de confiance du citoyen dans ses institutions.»
Détresse hydrique et sécurité
Au-delà de cette guerre des chiffres, peut-on s’attendre à une baisse des abattages d’arbres en 2020? Antonio Hodgers nuance: «Compte tenu de l’évolution climatique, il est probable que de nouveaux arbres en détresse hydrique devront être abattus pour prévenir les risques pour la sécurité. Malheureusement, ce contexte de sécheresse, néfaste pour notre patrimoine arboré, risque de s’installer durablement.» Avant de rassurer: «Nonobstant ce contexte, les abattages liés à des autorisations de construire devraient être inférieurs en 2020 par rapport aux années précédentes.»
Priorité à la croissance
Selon le magistrat Vert, ceci s’explique notamment par le gel de la densification de la zone villa qu’il a lui-même décrété en novembre dernier. Une zone villa qui concentrait environ 10% des demandes d’abattages d’arbres ces dernières années. Ajouter à cela, la préparation d’un plan d’arborisation cantonale dont l’une des missions sera un accroissement de la surface de canopée du canton à environ 30%.
Pas de quoi enthousiasmer Jean Hertzschuch: «Nos élus ont pendant trop longtemps accordé l’ultime priorité à l’économie et à sa croissance. En dépit du bon sens. Ils ont oublié que l’économie fonctionne avec des humains, donc des citoyens en bonne santé. Tous les Genevois méritent avant tout une meilleure qualité de vie, avec des arbres dans tous les quartiers ainsi qu’un canton sans pollution.»