Douaniers genevois accusés de racisme

COINTRIN • Une Nigériane établie à Londres a engagé une procédure légale après un contrôle jugé discriminatoire. Les douanes assurent qu’il s’agit d’un malentendu.

  • Aucune procédure officielle n’est parvenue à ce jour à la douane de l’Aéroport de Cointrin.  DR

    Aucune procédure officielle n’est parvenue à ce jour à la douane de l’Aéroport de Cointrin. DR

«Les douaniers genevois sont de gros racistes!» Tel est le constat de Fatima*, une mère de famille nigériane. En août dernier, elle a accusé de racisme les douaniers de l’Aéroport international de Cointrin. De passage à Genève, mi-août pour retrouver ses enfants habitués des camps de vacances suisses, cette résidente britannique a subi un contrôle qu’elle juge discriminatoire. «Mon sac Chanel a été confisqué malgré les documents d’authenticité que j’avais sur moi, s’indigne-t-elle. Je viens enfin de récupérer mon bien, que l’on m’a injustement saisi durant un mois. Mais je ne lâcherai pas l’affaire.»

Documents refoulés

D’abord publié dans la très populaire revue en ligne Bella Naija, le témoignage de Fatima a déclenché un tollé médiatique en Afrique, où de nombreux médias l’ont relayé. Depuis, des centaines d’internautes, dont certains se disent victimes d’un traitement identique à l’Aéroport de Genève, ont manifesté leur soutien en ligne à Fatima. «J’ai pourtant du mal à faire reconnaître l’affaire sur un plan juridique, soupire Toyin Ero, l’avocate londonienne de Fatima. J’ai déjà contacté trois études genevoises dans l’espoir de mettre en place une collaboration. Pour l’heure, tout le monde a refusé. J’entame actuellement des démarches pour porter le litige devant une Cour de justice internationale. J’attends des réponses.»

A prendre avec des pincettes

Du côté des douanes, où aucune procédure officielle n’est connue à ce jour, la prudence est de mise. «La limite entre un manque de délicatesse et un comportement raciste est parfois floue, souligne Michel Bachar, porte-parole des douanes romandes. Si nous condamnons formellement tout acte discriminatoire, il arrive que des voyageurs instrumentalisenabusivement l’argument de la race pour contester un contrôle.» Concernant l’expérience de Fatima, il assure que les preuves de l’authenticité du sac étaient insuffisantes: «Elle nous a fourni ses documents dans un deuxième temps. Il n’y avait aucune volonté de discrimination.»

Des explications qui n’apaisent pas les indignés du web ayant commenté la mésaventure de Fatima. «Battez-vous pour vos droits!» martèlent-ils contre des douaniers pris, selon eux, la main dans le sac.

* Prénom fictif

Nigérians ciblés

Si les litiges juridiques liés au racisme demeurent rares dans le monde des douanes, il n’empêche que certaines ethnies sont davantage ciblées lors de contrôles. Les personnes d’origine africaine sont concernées: «Si nous contrôlons aussi des personnes de race noire, cela n’a rien à voir avec un délit de faciès, mais bien avec les pays de provenance des voyageurs, explique Michel Bachar, porte-parole des douanes romandes. Les ciblages en matière de criminalité ont clairement démontré que nous devons également prendre les origines ou l’ethnie en considération. La contrefaçon est présente dans de nombreux pays.»